La photographie prise au piège de la race
Auteur / Autrice : | Natacha Yahi |
Direction : | Véronique Goudinoux, Nathalie Delbard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Arts |
Date : | Soutenance le 15/11/2021 |
Etablissement(s) : | Université de Lille (2018-2021) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Lille ; 2006-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'étude des arts contemporains (Villeneuve-d'Ascq, Nord) |
Jury : | Président / Présidente : Patrick Nardin |
Examinateurs / Examinatrices : Anne Lafont, Caroline Ibos | |
Rapporteur / Rapporteuse : Patrick Nardin, Bruno-Nassim Aboudrar |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Proposer d’analyser les formes du réemploi dans l’art contemporain à la lumière de la race, c’est déplacer la grille de lecture habituellement portée sur les œuvres construites à partir d’images déjà-là. C’est aussi faire l’hypothèse que la question raciale travaille, même implicitement, les rapports entre les artistes et les photographies qu’ils et elles recherchent, sélectionnent et manipulent avec leur regard et leurs mains. Remettre en circulation les images des autres n’expose-t-il pas au risque de reconduire les assignations raciales qu’elles peuvent contenir ou d’en produire de nouvelles ? Quelles seraient alors les stratégies plastiques et visuelles mises en œuvre par les artistes pour renouveler le regard sur ces images ? Quelles seraient, dans le même ordre d’idées, les démarches déployées pour les montrer autrement ? En choisissant de prêter attention à des cas problématiques d’œuvres occidentales employant par exemple des photographies de lynchages américains, des mug shots, des clichés de nourrices noires ou de familles chinoises, l’ambition de cette thèse sera d’interroger les réponses plastiques apportées par les artistes pour résoudre, reformuler ou feindre d’ignorer les ambiguïtés de la relation historique, théorique et technique entre le médium photographique et la construction raciale. L’attention particulière portée aux œuvres comme à leurs sources photographiques servira de boussole afin d’apprécier les déplacements opérés par les artistes. Savoir d’où viennent les images, même lorsque la question ne semble pas concerner les artistes qui les utilisent, permettra de rompre avec une conception figée et paresseuse de l’image trouvée réputée orpheline ou anonyme. De cette manière, cette thèse donnera aux sujets photographiés, aux contextes de prise de vue et aux modalités d’exposition une place centrale dans l’analyse des œuvres. Avec les outils des arts plastiques et ceux de l’histoire de l’art, il s'agira ainsi d'inclure la production contemporaine dans une histoire des processus de racialisation par la photographie.