Thèse soutenue

Interrelation entre les composantes sensorimotrices et emotionnelles de l'espace social : contributions comportementales et psychophysiologiques

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Auteur / Autrice : Alice Cartaud
Direction : Yann Coello
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 19/01/2021
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Villeneuve d'Ascq, Nord)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : SCALab Sciences Cognitives & Sciences Affectives
Jury : Président / Présidente : Bernard Rimé
Examinateurs / Examinatrices : Julie Grèzes
Rapporteurs / Rapporteuses : Alessandro Farnè, Michael Andres

Résumé

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La distance que maintiennent deux individus entre eux lors d’une interaction sociale (distance interpersonnelle) est particulièrement importante car elle contribue à déterminer la qualité de cette interaction. Une distance trop grande n’est pas propice aux interactions alors qu’une distance trop courte entraîne un sentiment d’inconfort, favorisant les réactions de défense (physiologiques et comportementales). Cette distance interpersonnelle semble être construite sur les représentations spatiales relatives à nos capacités d’actions (ce qui est à portée de main, l’espace péripersonnel) mais dépendante de facteurs sociaux. Ainsi, l’ajustement des distances interpersonnelles repose sur un équilibre subtil entre le besoin d’interagir de façon efficiente avec autrui et le besoin de maintenir une certaine marge de sécurité permettant de se protéger d’un potentiel danger émanant de l’autre. De ce fait, les distances interpersonnelles augmentent en présence d’individus menaçants alors qu’elles diminuent en présence d’individus attrayants. Cet ajustement dépend donc en partie de l’état émotionnel de l’autre, qui peut être identifié via son expression faciale. Cependant, l’évaluation des expressions faciales en termes de valence, peu importe l’émotion, n’est pas absolue car elle dépend également du contexte émotionnel dans lequel les expressions faciales sont présentées. A cet égard, l’objectif de cette thèse était double : (1) qualifier la relation entre distance interpersonnelle et la réponse physiologique produite par la perception d’individus plus ou moins menaçants présents dans l’espace péripersonnel ; (2) quantifier l’effet du contexte émotionnel sur l’ajustement des distances interpersonnelles. Grâce à un système de réalité virtuelle, optimisant le sentiment d’immersion et favorisant l’observation de réponses physiologiques et comportementales « authentiques », nous avons mis en évidence une relation linéaire entre la réponse physiologique et l’ajustement des distances interpersonnelles. De plus, nos données ont pu révéler que l’effet de contraste induit par le contexte émotionnel lors de jugements de valence (décalage vers la direction opposée à celle du contexte émotionnel) altérait également, mais de façon plus subtile l’ajustement des distances interpersonnelles. Dans l’ensemble, les résultats de cette thèse suggèrent que l’ajustement des distances interpersonnelles repose à la fois sur la représentation de l’espace péripersonnel et le contexte émotionnel. Nos données supportent que l’ajustement des distances interpersonnelles repose sur le besoin d’homéostasie lors d’interactions sociales, en lien avec la valeur défensive de l’espace péripersonnel. Cette distance maintenue à l’égard des autres, nécessaire pour assurer l’homéostasie, peut être quantifiée à partir de la réponse physiologique déclenchée par ces mêmes individus lorsqu’ils sont présents dans l’espace péripersonnel. Au-delà de l’apport de nouvelles connaissances sur le lien entre la représentation de l’espace péripersonnel, le traitement des émotions et les distances interpersonnelles, la présente thèse fournit un nouveau cadre théorique qui pourrait être pertinent pour des investigations cliniques, en tenant compte notamment de la sensibilité à percevoir les informations intéroceptives.