Thèse soutenue

Maladies chroniques et marchés du travail : essais sur l’impact contextualisé des politiques publiques de santé au travail

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Auteur / Autrice : Akissi Stéphanie Diby
Direction : Christine Le Clainche
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 10/12/2021
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Villeneuve d'Ascq)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LEM - Lille Économie Management
Jury : Président / Présidente : Jérôme Foncel
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Pollak, Yann Videau
Rapporteurs / Rapporteuses : Jérôme Wittwer, Florence Jusot

Résumé

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Dans un objectif de cohésion sociale, les pouvoirs publics ont mis en oeuvre un ensemble de lois et de dispositifs en faveur de l’accès à l’emploi et/ou du maintien en emploi des personnes en situation de handicap ou ayant une maladie chronique incapacitante. Malgré ces dispositifs, ce public rencontre encore d’importantes difficultés. En lien avec ces politiques publiques, l’objectif de cette thèse est plus spécifiquement d’évaluer l’efficacité des dispositifs de retour à l’emploi ou de maintien en emploi des personnes ayant des maladies chroniques graves et d’identifier les contextes de travail délétères pour le maintien en emploi. Concernant les maladies chroniques, il s’agit plus particulièrement de cibler les troubles psychiques sévères et les cancers. S’agissant de l’étude des contextes de travail, nous examinons l’effet d’un environnement psychologique de travail dégradé sur le maintien en emploi des travailleurs, dans une perspective de moyen terme. Ainsi, dans le premier chapitre, nous étudions, à partir des données de l’assurance maladie et des données de l’assurance vieillesse (Base Hygie Cnam-Cnav), l’évolution de la situation d’emploi des personnes ayant des troubles psychiques sévères par rapport à un groupe de contrôle, avant et après la reconnaissance en affection psychiatrique de longue durée. Plus précisément, une cohorte est suivie avant la crise économique de 2008, de 2004 à 2008 et une seconde cohorte pendant cette crise, de 2009 à 2012. Nous utilisons la méthode de différences de différences combinée à un appariement exact. Les résultats montrent qu’après la reconnaissance administrative de la maladie, l’écart de probabilité d’occuper un emploi entre les personnes avec et sans troubles psychiques sévères se creuse. Celui-ci s’est accentué chez les femmes pendant la période de récession par rapport à la période qui la précède. Dans le deuxième chapitre, à partir de l’enquête « la Vie deux ans après un diagnostic de cancer » (Drees-Inserm), nous étudions les déterminants de l’employabilité future perçue des travailleurs ayant reçu un diagnostic de cancer deux ans plus tôt. Nous prêtons une attention particulière à l’effet des séquelles ressenties. L’objectif principal de l’étude est d’analyser la façon dont les changements de comportements de santé peuvent modérer l’effet des séquelles sur l’employabilité des travailleurs. Nous utilisons un modèle probit bivarié avec sélection afin de corriger de l’effet de sélection inhérent à notre échantillon d’étude. Les résultats mettent en évidence que les séquelles ressenties affectent négativement la probabilité d’avoir une bonne perception de son employabilité. Nous montrons plus spécifiquement que l’employabilité future perçue par les personnes ayant arrêté le tabac en association à une alimentation plus saine est améliorée, lorsque les séquelles ressenties sont modérées. Dans le troisième chapitre, nous examinons l’effet des comportements hostiles vé cus au travail et leur impact sur le maintien en emploi à moyen terme. Nous mobilisons l’enquête Condition de travail de 2013 et l’enquête Condition de travail et risques psychosociaux de 2016 de la Dares. Nous utilisons un modèle probit bivarié avec variables instrumentales afin de corriger de l’endogéniété potentielle liée aux comportements hostiles déclarés. Nous contrôlons des caractéristiques susceptibles d’affecter le maintien dans l'emploi. L’endogénéité est vérifiée chez les femmes, mais pas chez les hommes. Nous trouvons que les personnes, et notamment les femmes, ayant vécus ces agissements ont une moindre probabilité d’occuper un emploi trois ans plus tard.L’endogénéité est vérifiée chez les femmes, mais pas chez les hommes. Nous trouvons que les personnes, et notamment les femmes, ayant vécu ces agissements ont une moindre probabilité d’occuper un emploi trois ans plus tard.