Thèse soutenue

Acteurs et projets de déploiement d’infrastructures de recharge pour voitures électriques : la construction de territoires de l’automobile électrique dans la région Hauts-de-France

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Auteur / Autrice : Julia Frotey
Direction : Philippe DeboudtElodie CastexSéverine Frère
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aménagement de l'espace, urbanisme
Date : Soutenance le 23/09/2021
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences économiques, sociales, de l'aménagement et du management (Lille ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Territoires, Villes, Environnement & Société (TVES) - Territoires- Villes- Environnement & Société - ULR 4477 / TVES
Jury : Président / Présidente : Nacima Baron-Yellès
Examinateurs / Examinatrices : Patricia Sajous, Alain Bouscayrol
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Chapelon, Jean Debrie

Résumé

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Depuis 2010, la promotion de la mobilité électrique est inscrite à l’agenda des gouvernements français et européens. En France, des mesures incitatives à l’achat d’une voiture électrique ont été instaurées afin de lever des verrous financiers et psychologiques. Le déploiement d’une infrastructure de recharge ouverte au public répond, par exemple, à un frein psychologique majeur, la « peur de la panne », c’est-à-dire l’appréhension de ne pas pouvoir recharger son véhicule en dehors de chez soi en cas d’urgence. À ce titre, l’infrastructure de recharge ouverte au public a connu, en dix ans, une forte croissance. Notre travail de thèse en aménagement de l’espace et urbanisme consiste ainsi à documenter l’essor de cet équipement, en nous appuyant sur le cas de la Région Hauts-de-France. Trois parties structurent la thèse. La première partie décrit la construction d’un système automobile renouvelé autour de la voiture électrique. Dans ce système, qui permet à l’automobile de conserver une place dans la ville durable, nous plaçons l’infrastructure de recharge comme clé de voûte et, à l’aide de ressources conceptuelles et méthodologiques issues de la littérature des réseaux, nous proposons une méthode d’analyse de ce nouveau service. Celle-ci combine le traitement de données quantitatives, à l’origine des cartographies, mais également qualitatives, composées d’entretiens semi-directifs menés auprès des acteurs régionaux de la mobilité électrique. La seconde partie présente l’état des lieux de la diffusion des stations de recharge dans la région Hauts-de-France. L’infrastructure est un service urbain, déployé par une multiplicité d’acteurs dans les espaces densément urbanisés et peuplés de la région. Nous avons approfondi le fonctionnement et les choix de gouvernance des réseaux publics de recharge : ces choix ont influencé la localisation des réseaux d’infrastructures ainsi que les registres de justification préalables au déploiement : service public indispensable pour les uns et moteur de la croissance économique pour les autres. La troisième et dernière partie nous permet de prendre du recul vis-à-vis des résultats exprimés en seconde partie. Nous avons ainsi classé les acteurs du projet d’infrastructure en 9 catégories et présenté leur degré de relation. La réforme territoriale avec la fusion des régions opérée en 2016 a conduit les acteurs publics à trouver les moyens de coordonner leur offre de recharge : l’interopérabilité des réseaux et la diffusion d’un badge d’accès commun comptent parmi les outils actuels d’harmonisation des politiques régionales de mobilité électrique. Cette partie se termine par la présentation de données d’usage qui interrogent les liens entre pratiques des utilisateurs et localisation des stations de recharge. Ce travail de thèse examine le développement d’une nouvelle infrastructure destinée à l’automobiliste, mais soutenue par les pouvoirs publics dans le cadre d’une transition énergétique des mobilités. Entre renforcement du système automobile et soutien aux motorisations alternatives, l’infrastructure de recharge tend à élargir le périmètre d’action des collectivités territoriales en matière de transport. Elle soulève également des enjeux politiques et symboliques : la station de recharge valorise l’action des acteurs publics tout en donnant une image innovante d’un territoire. L’installation d’une infrastructure de recharge ouverte au public est considérée dans la thèse comme un projet d’aménagement du territoire intégré dans la planification locale et conçu comme un nouveau service de mobilité. Nous montrons que les fonctionnalités de l’infrastructure ont été décuplées grâce à l’action conjointe des collectivités et des entreprises des technologies de l’information et de la communication. La station de recharge est à l’image d’une transition numérique des mobilités : en tant qu’objet connecté, elle ouvre la voie à de nouveaux usages de la voiture et de l’énergie.