Thèse soutenue

Sélection des habitats chez deux espèces d’oiseaux limicoles très appariés hivernants sur la côte Atlantique Française : étude de la barge rousse et de la barge à queue noire

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Auteur / Autrice : Clément Jourdan
Direction : Pierrick BocherJérôme Fort
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie de l'environnement, des populations, écologie
Date : Soutenance le 30/03/2021
Etablissement(s) : La Rochelle
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Euclide (La Rochelle ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Littoral, Environnement et Sociétés (La Rochelle)
Jury : Président / Présidente : Paco Bustamante
Examinateurs / Examinatrices : Pierrick Bocher, Jérôme Fort, Paco Bustamante, Laurent Godet, Matthieu Guillemain, Stefan Garthe
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Godet, Matthieu Guillemain

Résumé

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La barge rousse (Limosa lapponica) et la barge à queue noire (Limosa limosa) sont deux espèces d’oiseaux limicoles migrateurs, hivernants sur la côte Atlantique Française et se reproduisant dans des régions plus au Nord. Ces deux espèces partagent une grande proximité phylogénétique, et de grandes similarités morphologiques héritées d’un ancêtre commun dont elles ont récemment divergé. Chez de telles espèces dites « jumelles », bien que l’on observe généralement des réponses identiques face aux même conditions environnementales, l’existence de propriétés de niche uniques et de besoins écologiques spécifiques a déjà été décrite. C’est le cas chez la barge rousse et la barge à queue noire qui partagent les mêmes zones d’hivernage, mais qui ont une distribution distincte pendant la saison estivale, respectivement dans le Nord de l’Eurasie et l’Alaska, et depuis l’Islande jusqu’à l’Est de la Sibérie. En France, on observe principalement la sous-espèce L. lapponica lapponica de barge rousse, et la sous-espèce L. limosa islandica de barge à queue noire, toutes deux présentes pendant toute la période d’hivernage (Août-Avril). Les sous-espèces L. l. taymyrensis et L. l. limosa ne sont, elles, présentes que pendant les périodes de migrations (Février-Mars et Août-Octobre). En hiver, L. l. lapponica et L. l. islandica utilisent principalement les écosystèmes de vasières dont elles dépendent pour leur alimentation, ainsi que les marais maritimes et littoraux pour leurs périodes de repos. Ainsi, dans les Pertuis Charentais, elles fréquentent les mêmes sites d’hivernage et utilisent les mêmes zones fonctionnelles, mais ont des préférences alimentaires bien distinctes avec un régime principalement composé de vers marins pour la barge rousse, et de bivalves (e.g. Macoma balthica) et rhizomes de zostères (Zostera noltei) pour la barge à queue noire. Au-delà de ces connaissances, ce travail de thèse vise à décrire et comparer les stratégies de survie hivernale de ces deux espèces et notamment leur utilisation spatio-temporelle des habitats. La miniaturisation récente des balises GPS a permis d’équiper des individus de ces deux espèces afin de suivre leur mouvements journaliers et saisonniers. Une telle approche peut significativement améliorer nos connaissances sur la biologie de ces oiseaux, leur dépendance aux habitats côtiers et leur lien avec les aires protégées. Plus précisément, on cherche à explorer la sélection des ressources (proies et habitats) des deux espèces de barges, en relation avec l’utilisation des rares reposoirs principalement localisés dans les réserves naturelles. L’identification des zones d’alimentation précises des oiseaux, grâce aux données de position GPS, permet d’échantillonner les proies potentielles de macrofaune benthique afin d’estimer la qualité énergétique des patchs d’alimentation et de décrire les habitats disponibles. Par ailleurs, l’analyse de l’activité des oiseaux à fine échelle spatio-temporelle permet d’explorer leur adaptation au rythme Jour/Nuit, croisé avec l’utilisation de zones protégées et non-protégées. Enfin, puisque ces oiseaux présentent un fort dimorphisme sexuel, il apparait intéressant d’explorer l’existence d’une ségrégation sexuelle en termes de stratégie de survie hivernale. Plus généralement, il est possible d’explorer les différences entre individus ou encore leurs interactions pendant l’alimentation, afin de tester l’association étroite d’individus chez une espèce grégaire comme la barge à queue noire. Ce travail apporte ainsi de nouvelles connaissances clés sur les stratégies de survie hivernales de la barge rousse et de la barge à queue noire, et plus spécifiquement sur leur utilisation, dans l’espace et dans le temps, des différents habitats. Les résultats obtenus soulignent que des différences intra-spécifiques mais aussi interspécifiques existent chez ces deux espèces d’apparences très similaires, dont devraient tenir compte les futures mesures de gestion et de conservation.