Thèse soutenue

Décryptage des interactions métaboliques en lait lors de l'évolution expérimentale d'un consortium de lactocoques et d'une communauté issue de lait cru seuls ou en association.

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Auteur / Autrice : Marie-Aurore Caillaud
Direction : Marie-Line DaveranHélène Tormo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ingénieries microbienne et enzymatique
Date : Soutenance le 11/06/2021
Etablissement(s) : Toulouse, INSA
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences écologiques, vétérinaires, agronomiques et bioingénieries (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : TBI - Toulouse Biotechnology Institute, Bio & Chemical Engineering - Toulouse Biotechnology Institute / TBI
Jury : Président / Présidente : Muriel Cocaign-Bousquet
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Line Daveran, Hélène Tormo, Christophe Lacroix, Eric Guedon, Nathalie Desmasures
Rapporteurs / Rapporteuses : Christophe Lacroix, Eric Guedon

Mots clés

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Résumé

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Différents types d’interactions régissent les dynamiques de populations au sein des écosystèmes microbiens, permettant la cohabitation et l’évolution des microorganismes dans le temps et l’espace. L’étude de consortia synthétiques simplifiés constitue une approche de plus en plus utilisée pour décrypter les réseaux interactifs au sein des communautés naturelles. Parmi les interactions mises en place, les interactions métaboliques, très fréquemment présentes dans les écosystèmes alimentaires laitiers, peuvent être étudiées en conditions contrôlées, grâce à des descripteurs facilement mesurables car liés aux fonctionnalités technologiques de l’écosystème. L’espèce mésophile Lactococcus lactis, utilisée dans les fermentations laitières pour ses propriétés acidifiantes et aromatisantes, est caractérisée par une grande diversité génétique et phénotypique. Cette espèce est présente dans de nombreux habitats, comme les plantes ou les animaux. Ceux-ci sont de véritables réservoirs de souches « environnementales » aux capacités métaboliques très diverses pouvant notamment coloniser le lait cru. Si divers travaux ont étudié l’adaptation de souches pures de L. lactis dans le lait, peu ont considéré leur adaptation lorsqu’elles interagissent entre elles au sein d’un même écosystème, reflétant ainsi les conditions naturelles. Les travaux présentés dans cette thèse ont cherché à décrypter les interactions métaboliques au sein d’un consortium de trois souches de L. lactis, durant leur évolution adaptative en lait sur plus de 800 générations. La dynamique des souches au sein de ce consortium a été réalisée par PCR digitale (ddPCR), outil de traçage souche-spécifique ciblant des polymorphismes au sein du gène de ménage recN. Plus généralement, cet outil a été élargi à la détection des espèces L. lactis et L. cremoris et du biovar diacetylactis retrouvés dans les starters laitiers. Un modèle mathématique basé sur des descripteurs liés à la croissance microbienne et au métabolisme azoté et carboné, a été proposé dans le but d’expliquer la dynamique des souches au sein du consortium. La perte rapide d’une souche a soulevé l’hypothèse de l’absence d’interaction positive avec cette souche. Pour les deux autres souches, leur dynamique observée au sein du consortium au cours des 800 générations rend compte i) d’une inhibition par le lactate produit, ii) d’une coopération de type cross-feeding par les acides aminés, et iii) d’une adaptation des métabolismes carboné et azoté d’une souche durant l’évolution en lait. En parallèle de cette étude, l’évolution expérimentale de ce consortium a été réalisée en présence d’une communauté indéfinie issue d’un lait cru fermenté dans le but de mettre en évidence des interactions inter-espèces. L’analyse par metabarcoding de l’ADNr 16S de la communauté indéfinie a montré la prédominance de l’espèce Lactococcus lactis dès le début de l’évolution. Des capacités d’acidification efficaces et stables de cette communauté ont été mises en évidence au cours du temps. L’empreinte aromatique diacétyle/acétoïne, spécifique du consortium, a été retrouvée dans l’association ‘communauté indéfinie - consortium’, témoignant de la coévolution des deux communautés au cours du temps. Une analyse des composés organiques volatils issus de la fermentation de ces communautés évoluées a permis de mettre en évidence la présence d’un composé, le 2-methylthiolan-3-one, spécifiquement produit en plus grande quantité par l’association comparativement à chacune des communautés seules. Ces résultats ont permis de mettre en exergue de potentielles interactions métaboliques au sein de cette association, interactions certainement impliquées dans la robustesse du mélange au cours du temps. D’un point de vue technologique, ces interactions semblent conférer une valeur ajoutée au produit fermenté, avec une empreinte organoleptique spécifique combinant qualités technologiques (acidification) et spécificité aromatique issue du terroir.