Thèse soutenue

Les stratégies d'entreprises ordinaires face aux grands défis : des imaginaires alternatifs aux utopies réelles.Le cas d’un groupe d'entreprises impliqué dans la transition écologique du secteur de l'agencement de magasins

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Auteur / Autrice : Matthieu Battistelli
Direction : Nathalie Raulet-CrosetVéronique Steyer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de gestion
Date : Soutenance le 10/12/2021
Etablissement(s) : Institut polytechnique de Paris
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'Institut polytechnique de Paris
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : École polytechnique (Palaiseau, Essonne ; 1795-....)
Laboratoire : Centre de recherche en gestion (Palaiseau, Essonne)
Jury : Président / Présidente : Émilie Lanciano
Examinateurs / Examinatrices : Nathalie Raulet-Croset, Véronique Steyer, Bertrand Valiorgue, Véronique Perret, Blanche Segrestin, Luc Brès
Rapporteurs / Rapporteuses : Bertrand Valiorgue, Véronique Perret

Mots clés

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Résumé

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Les organisations internationales alertent États et société civile sur un dérèglement des écosystèmes terrestres depuis plusieurs décennies. Face à ce constat, même des entreprises ordinaires et de taille modeste incarnent et expérimentent des solutions nouvelles et non-conventionnelles au regard des enjeux sociétaux de notre temps. Comment ces solutions se concrétisent-elles sur les plans stratégique et organisationnel ?Pour répondre à cette interrogation, ce travail doctoral s’appuie sur une immersion longue au sein d'un groupement d'entreprises impliqué dans la transformation du secteur de la distribution alimentaire et non-alimentaire. L’entreprise développe des systèmes d’agencement de distribution écologique et sans emballages, favorisant la « vente en vrac ». S’inscrivant dans une démarche compréhensive, cette étude de cas cherche à comprendre comment une entreprise ordinaire intègre de grands défis sociétaux dans sa stratégie et son organisation.Cette thèse mobilise la littérature récente sur la gestion des grand défis et discute plus particulièrement la pertinence du modèle théorique d’action robuste pour penser les stratégies s’attaquant aux enjeux de société (Etzion et al., 2017 ; Ferraro et al., 2015). Pour compléter cette approche théorique, nous adjoignons à notre réflexion des travaux récents sur le rôle de l’imaginaire et de l’utopie réelle dans l’action collective (Wright et al., 2017 ; Gümüsay & Reinecke, 2021), défendant l’idée que ces deux composantes jouent un rôle décisif dans la gestion des problèmes sociétaux.Trois résultats majeurs émergent de cette thèse. Premièrement, nous caractérisons la spécificité du concept de grand défi par rapport à des notions conceptuellement proches (meta-problem, wicked problem, mess) et développons en détail comment la contribution à des défis sociétaux se cristallise à plusieurs niveaux d’analyse, individuel, organisationnel et sectoriel. Deuxièmement, nous observons que la contribution à un grand défi de société se structure à partir d‘imaginaires alternatifs de l’organisation et du management influençant significativement le design de l’organisation, sa stratégie et son développement. Troisièmement, nous revisitons le modèle théorique d’action robuste pour expliquer le processus stratégique par lequel des entreprises ordinaires visent à contribuer à des enjeux sociétaux. Pour apporter leurs contributions, les entreprises se constituent en utopie réelle via un processus articulant des expérimentations menées localement et des imaginaires alternatifs multiples. Ce processus repose notamment sur une superposition entre un espace d’enjeux locaux et un espace d’enjeux globaux. Cette mise en résonance entre local et global nécessite alors une organisation fonctionnant à travers trois items principaux : une architecture organisationnelle référente plus ou moins centralisée, la multivocité de discours facilitant la pénétration d’imaginaires multiples au sein de l’organisation, et des expérimentations locales nombreuses mêlant des activités diverses à caractère économique, social, environnemental, éducatif, philanthropique, et attestant la capacité de l’organisation à s’attaquer à des enjeux sociétaux.