La traduction cinématographique en Estonie soviétique : contextes, pratiques et acteurs
Auteur / Autrice : | Tiina Põllu |
Direction : | Antoine Chalvin, Elin Sütiste |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Traductologie |
Date : | Soutenance le 19/10/2021 |
Etablissement(s) : | Paris, INALCO en cotutelle avec Tartu ülikool |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Langues, littératures et sociétés du monde (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherches Europes-Eurasie (Paris) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Bruno Mölder, Daniele Monticelli, Elena Razlogova, Katre Talviste, Eva Toulouze |
Rapporteurs / Rapporteuses : Valérie Pozner, Martin Barnier |
Mots clés
Résumé
Cette thèse est une analyse diachronique des conditions linguistiques, techniques et idéologiques de la traduction audiovisuelle en Estonie soviétique. L’analyse porte sur la reconstruction de l’histoire de la traduction audiovisuelle, en confrontant les pratiques dans la première République d’Estonie avec la censure cinématographique soviétique. Sont analysées les années tumultueuses entre 1939 et 1944, l’époque stalinienne avec la diffusion des films trophées, puis la diffusion des films étrangers dans l’URSS poststalinienne. L’étude des différents modes de traduction et de la politique du répertoire dans les cinémas et les ciné-clubs fait émerger deux pôles opposés, conformément à la théorie lotmanienne : d’une part, au centre de la sémiosphère, les cinémas officiels avec la traduction indirecte, et d’autre part, à la périphérie de l’URSS, les ciné-clubs estoniens, où de nouvelles représentations sont forgées grâce à une activité de traduction libre et intensive directement depuis les langues originales. La thèse aborde également les pratiques du doublage et du remontage, comme des formes d’adaptation typiquement soviétiques au service de l’idée d’une URSS multinationale, à savoir une transcréation collective qui diffusait le discours autorisé dans toutes les républiques soviétiques. Le sous-titrage estonien, phénomène unique dans le contexte des pratiques soviétiques de traduction cinématographique, a fait de l’Estonie un centre d’excellence en matière de soustitrage en URSS. Plusieurs théories et approches ad hoc sont utilisées dans cette thèse : études postcoloniales, études de cas, théories de la sémiotique culturelle et recherche empirique. La thèse met également en lumière les multiples identités des traducteurs de cinéma au sein de leur communauté qui émerge à la fin des années 1960.