La société des poètes : éthique et poésie dans le Livre des Chansons
Auteur / Autrice : | Loïc Bertrand |
Direction : | Hachem Foda |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littératures et civilisations |
Date : | Soutenance le 22/10/2021 |
Etablissement(s) : | Paris, INALCO |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Langues, littératures et sociétés du monde (1997-... ; Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherches Moyen-Orient Méditerranée (Paris) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Georgine Ayoub, Mathias Hoorelbeke, Frédéric Lagrange |
Rapporteur / Rapporteuse : Brigitte Foulon, Hilary Kilpatrick |
Mots clés
Résumé
Ce travail porte sur les rapports entre éthique et poésie dans le Livre des chansons d’Abū l-Faraǧ al-Iṣfahānī (m. vers 360/970). Il s’agit d’une étude thématique des conflits éthico-rhétoriques liés aux statuts du poète et de la poésie, faisant l’hypothèse qu’il est possible, à partir d’eux, d’éclairer le statut de l’ouvrage d’al-Iṣfahānī dans la littérature d’adab. La première partie porte sur le problème de l’unité thématique de l’œuvre. À partir de l’identification et de l’analyse de thèmes dont l’importance a pu rester jusqu’ici inaperçue, elle postule que l’on peut parler d’un univers propre du Kitāb al-Aġānī, qui serait un monde de l’œuvre autant que l’œuvre d’un monde. La deuxième partie s’intéresse à la stratégie de l’auteur dans sa défense du chant, et en particulier aux conséquences thématiques du chant conçu comme le supplément (tābiʿ) du poème. Elle montre que l’auteur s’inscrit dans une tradition tendant à justifier la musique par cela même qui la rend condamnable aux yeux de ses contempteurs, à savoir le pouvoir de subjuguer l’auditeur (fitnat al-ġinā’). La troisième partie porte sur diverses représentations de la poésie comme poésie de parti pris, c'est-à-dire vouée à la force affirmative plutôt qu’à la représentation. À partir de l’hypothèse que la poésie serait ce discours, dans la culture arabe médiévale, ayant pour tâche de rendre possible des affirmations inaffirmables, l’analyse en suit les manifestations à travers la figure du poète comme arbitre injuste, du poète amoureux et de son inaffirmable amour, et enfin du recours à la menace du hiǧā’.