Thèse soutenue

Lidia Zinovieva-Annibal : la construction d'un sujet féminin dans la littérature de l'Âge d'argent

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Auteur / Autrice : Françoise Defarges
Direction : Catherine Géry
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures et civilisations
Date : Soutenance le 08/01/2021
Etablissement(s) : Paris, INALCO
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Langues, littératures et sociétés du monde (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherches Europes-Eurasie (Paris)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Catherine Géry, Susanne Böhmisch, Régis Gayraud, Ekaterina Belavina, Évelyne Enderlein, Hélène Mélat
Rapporteurs / Rapporteuses : Susanne Böhmisch, Régis Gayraud

Résumé

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Une double interrogation anime ce travail : comment une femme écrivain de l’Âge d’argent, Lidia Zinovieva-Annibal, parvient-elle à échapper à la relégation dans la catégorie de muse ou d’auteur de « littérature de dames » ? Et comment cette prise de liberté se manifeste-t-elle dans la thématique du Sujet présente dans toute son œuvre ? Une première réponse résulte de l’examen du champ littéraire au tournant des XIXe et XXe siècles grâce aux témoignages des contemporains et aux recherches récentes sur l’auteure, sur les femmes écrivains et sur l’histoire des idées. Zinovieva-Annibal, épouse de Viatcheslav Ivanov, chef de file du mouvement symboliste, occupe une position privilégiée mais soumise à influences. Néanmoins, le culte ambivalent de l’éternel féminin que pratiquent les symbolistes donne prise à la subversion. L’analyse de la représentation du sujet chez Zinovieva-Annibal repose sur une lecture exhaustive de ses œuvres, non filtrée par la pensée d’Ivanov, et éclairée par les travaux des philosophes sur l’identité. Zinovieva-Annibal considère illusoire la liberté que proclament le solipsisme et le nihilisme, et élabore à partir de son expérience, approfondie par la pensée de Nietzsche, une vision du sujet proche de celle que la psychanalyse met à jour au même moment. Pulsion de vie et pulsion de mort supplantent la dualité âme/corps impuissante à rendre compte du sujet, de sa liberté, de sa violence comme de ses aspirations les plus nobles. C’est en revenant aux commencements, en créant un personnage de petite fille, que Zinovieva-Annibal pose l’écoute du corps, de la sexualité et des désirs comme socle de l’affirmation de soi, faisant écho aux réflexions contemporaines sur l’écriture féminine. L’analyse montre que Zinovieva-Annibal n’essentialise pas un sujet féminin, mais qu’en déconstruisant certains stéréotypes et en faisant place, dans son écriture, à cette liberté, elle rend au sujet universel les dimensions dont il était dépouillé.