Thèse soutenue

Les fous de Joinville : une histoire sociale de la psychiatrie dans l’Algérie coloniale (1933 – 1962)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Paul Marquis
Direction : Guillaume PikettyRichard Charles Keller
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire moderne et contemporaine
Date : Soutenance le 29/11/2021
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'histoire de Sciences Po (Paris)
Jury : Président / Présidente : Anne Rasmussen
Examinateurs / Examinatrices : Guillaume Piketty, Richard Charles Keller, Hervé Guillemain, Sylvie Thénault, Jim House
Rapporteurs / Rapporteuses : Hervé Guillemain, Sylvie Thénault

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Jusqu’au tournant des années 1950, l’hôpital de Blida-Joinville (HPB) demeure le seul établissement psychiatrique de l’Algérie coloniale. Entre son ouverture en 1933 et la fin de la guerre d’indépendance en 1962, il admet plus de 11 000 malades algériens et européens des deux sexes. Sur la même période, il emploie plusieurs milliers d’agents et d’infirmiers, ainsi qu’une quarantaine de psychiatres. En s’intéressant à la fois à l’institution psychiatrique coloniale, aux individus qui y sont internés et à ceux qui y travaillent, cette thèse propose une histoire sociale de la psychiatrie algérienne. Elle est traversée par la question suivante : en quoi la psychiatrie pratiquée en Algérie entre 1933 et 1962 se révèle-t-elle spécifiquement coloniale ? Au fil de l’enquête, l’HPB se révèle ni tout à fait semblable, ni complètement différent de ses équivalents métropolitains et coloniaux. La consultation de la presse locale et des publications psychiatriques, ainsi que celle des archives hospitalières et des dossiers de patients, remettent en cause l’idée d’un simple décalque et témoigne d’adaptations permanentes. L’HPB y apparaît comme un espace hybride, en même temps qu’un microcosme profondément inégalitaire. Régulièrement présenté comme un symbole de modernité thérapeutique, il est aussi un outil du maintien de l’ordre colonial. En tant que « monde du contact » et que monde du travail, il reproduit entre ses murs les inégalités de race, de genre et de classe qui traversent la société coloniale. En définitive, l’histoire de ce lieu de réclusion contribue à éclairer « par les marges » le fonctionnement de la société coloniale algérienne.