De la juste valeur de la liberté d'association : une théorie libérale égalitaire de la citoyenneté associative
Auteur / Autrice : | Jérôme Grand |
Direction : | Annabelle Lever, Matteo Gianni |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique, mention théorie politique |
Date : | Soutenance le 22/09/2021 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques en cotutelle avec Université de Genève. Faculté des lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches politiques de Sciences Po (Paris) - Centre de recherches politiques de Sciences Po / CEVIPOF |
Jury : | Président / Présidente : Emanuela Ceva |
Examinateurs / Examinatrices : Annabelle Lever, Matteo Gianni, Magali Bessone, Daniel Weinstock, Astrid von Busekist | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Magali Bessone, Daniel Weinstock |
Mots clés
Résumé
Cette thèse porte sur le besoin fondamental que nous avons, en tant que personnes, d’interagir les uns avec les autres et elle est motivée par la croyance que le libéralisme politique n’a jamais pris au sérieux l’implication du principe de l’égalité des chances pour la liberté d’association. Ma revendication centrale est que celle-ci sert une multiplicité d’intérêts fondamentaux, et que l’un d’eux, l’intérêt associatif que nous avons dans le respect de soi-même, a été occulté par les principales justifications philosophiques et juridiques de la liberté d’association. Cet intérêt associatif oublié est celui que nous avons à développer un sens de notre propre valeur et une confiance dans nos capacités, en poursuivant volontairement avec d’autres des activités qui sont rationnelles pour nous d'entreprendre. Bien que le libéralisme politique soit explicite sur la relation entre les associations non-politiques et le respect de soi-même, j'insiste sur le fait que les implications normatives de cette relation ne sont jamais mises en relation avec le rôle et l’importance des bases sociales du respect de soi et, en particulier, avec la justification de la juste valeur des libertés politiques. A travers la catégorie d’association sociale que je définis comme volontaire, organisée, secondaire et sociale, je montre l’importance de la juste valeur du droit de former une association sociale pour égaliser les conditions sociales de l'appréciation mutuelle et assurer ainsi les bases sociales de respect de soi-même. Dans cette perspective, je plaide pour une extension limitée du proviso rawlsien de la juste valeur des libertés politiques au droit de former une association sociale comme condition de sa pleine justification en tant qu'affirmation du statut de citoyens libres et égaux. Ainsi je soutiens que les citoyens doivent jouir non seulement d'une juste part de moyens pour exercer leurs libertés de base et d'une juste égalité des chances relative à leur carrière et à leur position sociale, mais aussi qu'ils doivent jouir d'une stricte égale opportunité de contribuer à l'agenda politique (la juste valeur des liberté politiques) et de former une association sociale (la juste valeur de la liberté d'association). Je souligne que prendre au sérieux mon argument exige à la fois une prise en compte égale des divers intérêts associatifs légitimes et des mesures positives pour assurer l’effectivité du droit de former une association sociale. Cela a d'importantes implications pour la manière dont nous appréhendons la justification et la protection de la liberté d’association, pour la manière dont nous concevons la personnalité juridique des associations et dont nous justifions son acquisition, ainsi que sur notre compréhension du rôle et du fonctionnement des services publics en lien direct avec la société civile - comprise comme le domaine où les relations sont associatives sont dominantes.