Thèse soutenue

Température, pollution atmosphérique et santé périnatale dans le contexte du changement climatique : exposition et impacts dans les populations sensibles

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Auteur / Autrice : Ian Hough
Direction : Johanna LepeuleItai Kloog
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Modèles, méthodes et algorithmes en biologie, santé et environnement
Date : Soutenance le 16/12/2021
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes en cotutelle avec Ben-Gurion university of the Negev
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement (Grenoble ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut pour l'avancée des biosciences (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Adeline Leclercq-Samson
Examinateurs / Examinatrices : Itai Kloog, Jean-Luc Jaffrezo, Maayan Yitshak Sade
Rapporteurs / Rapporteuses : Kees De Hoogh, Mathilde Pascal

Résumé

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Bien que plusieurs études suggèrent que l’exposition à la chaleur, au froid ou aux particules en suspension (PM) pendant la grossesse pourraient diminuer le poids de naissance et raccourcir la durée de la grossesse, ces effets ne sont pas complètement compris. Ceci est préoccupant car la prématurité et un faible poids à la naissance augmentent le risque de nombreuses morbidités et maladies chroniques tout au long de l’enfance et à l’âge adulte. Ces fardeaux sanitaires devraient s’accroître avec le changement climatique et l'urbanisation mondiale. Mieux comprendre ces relations nécessite une évaluation précise de l'exposition, car l’erreur peut affaiblir les associations avec la santé. Une approche efficace consiste à modéliser la relation entre des mesures de la température ou des PM et des variables dérivées des satellites. Des nouvelles approches pourraient réduire l’erreur, et des résolutions spatiales plus fines pourraient être utiles, notamment dans les zones urbaines.Ce doctorat a développé de nouvelles approches pour augmenter la précision et la résolution spatiale des modèles d’exposition, les a appliqués pour reconstruire la température quotidienne et les PM en France au cours des deux dernières décennies, et a utilisé les températures pour identifier des périodes pendant la grossesse où l’exposition au froid ou à la chaleur peut augmenter le risque de naissance prématurée.Premièrement, nous avons démontré que le fait de prendre en compte la variabilité spatiale ainsi que temporelle de la relation entre la température de l’air mesurée et les variables dérivées de satellites améliore la précision de modèles de prédiction. Nous avons également démontré qu'un ensemble de forêts aléatoires et de machines de renforcement de gradient permet d’améliorer la résolution spatiale des estimations quotidiennes pour les zones urbaines en incorporant des données satellitaires thermiques à haute résolution spatiale mais à faible résolution temporelle. Avec ces approches, nous avons modélisé la température quotidienne moyenne, minimale et maximale de 2000 à 2018 à une résolution de 1 km en France et de 200 m sur 103 zones urbaines.Deuxièmement, nous avons démontré que les champs aléatoires gaussiens de Markov peuvent estimer les PM plus précisément que les modèles mixtes ou les forêts aléatoires, et qu’un ensemble des trois est encore plus performant. Avec cette approche, nous avons modélisé les concentrations moyennes quotidiennes des PM en France à une résolution de 1 km de 2000 à 2019.Troisièmement, nous avons mené une analyse de survie avec un modèle de Cox à effets distribués dans le temps pour évaluer l’association entre la température résidentielle issu de notre modèle d'exposition et le risque de naissance prématurée parmi 5347 naissances (4,3% prématurés) suivies dans le cadre de cohortes prospectives en France. Nous avons examiné de manière concomitante des fenêtres d’exposition chroniques (les 26 semaines suivant la conception) et aigues (les 30 jours avant l’accouchement) et avons exploré les effets de la variabilité de la température et des vagues de chaleur en tenant compte de l’acclimatation. Le froid et la chaleur nocturne augmentaient le risque d’accouchement prématuré ; les femmes étaient sensibles dès la conception et pendant les secondes parties des trimestres 1 et 2. Le froid augmentait également le risque de naissance prématurée environ sept jours plus tard.Nos approches novatrices pourraient permettre d’améliorer les modèles d'exposition dans d'autres régions et notre jeu de données multi-décennale sera utile aux épidémiologistes, climatologues, planificateurs, décideurs et au public. Dans le contexte de la hausse des températures et des aléas météorologiques plus fréquents, nos découvertes sur les risques que la chaleur et le froid représentent pour les femmes enceintes et leurs bébés devraient éclairer les politiques de santé publique pour réduire le fardeau croissant de la naissance prématurée.