Thèse soutenue

Le rôle de la radio rurale dans la communication pour le développement au Mali

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Auteur / Autrice : Adama Kodjo
Direction : Bertrand Cabedoche
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'Information et de la Communication
Date : Soutenance le 24/09/2021
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble, Isère, France ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Groupe de recherche sur les enjeux de la communication (Grenoble, Isère, France ; 1978-....)
Jury : Président / Présidente : Jocelyne Arquembourg-Moreau
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Cartellier, Lamine Traoré
Rapporteurs / Rapporteuses : Alain Kiyindou, Étienne Damome

Résumé

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Signifiant de par sa généalogie l’évolution, le changement ou encore la croissance, l’expression développement connaîtra la popularisation après la deuxième guerre mondiale. La lutte de positionnement incarnée par le discours du président Harry S. Truman, qui se veut protecteur des pays dits sous-développés auxquels il est proposé le transfert de fonds, de technique et de technologie pour éradiquer la pauvreté dans les territoires concernées, marquera les esprits longtemps. L’apparition des mots et expressions tels que sous-développement, croissance zéro, décroissance, écodéveloppement ou encore développement durable visent à comprendre la complexité de l’évolution du monde, à partir de l’expression développement, qui se construit et se déconstruit en fonction des paradigmes. Pour Missè Missè, « les approches utilisées tendent, toutes, à faire du "développement" un simple synonyme d’expressions comme la "modernisation", la "croissance", le "progrès", "l’industrialisation", termes par ailleurs jamais définis. » Pour cet auteur, le terme développement apparaît telle une idéologie complexe. « Lorsque par contre l’on revendique une définition de ce mot, les experts, depuis Alfred Sauvy, restent très embarrassés et ambigus. Ils tentent alors de répondre par des formules qui expriment tantôt ce que le "développement" n’est pas comme le "sous-développement", tantôt un groupe de pays du "Tiers-monde ", "en voie de développement", peu, moins ou non industrialisés et depuis peu, "pauvres". » Critiquée ou rejetée, l’idéologie moderniste se donne un second souffle lorsqu’elle convoque la communication comme un outil puissant pouvant combler les manques auxquels correspondent les changements de vocabulaire. Puisqu’il s’agit de mettre la communication en contribution pour atteindre les objectifs du développement, les médias sont appelés à jouer un rôle prépondérant. Avec ce nouvel élan d’espoir porté sur les médias d’une manière générale et la radio en particulier pour le changement social, la promesse de développement pour les pays d’Afrique francophone semble être renouvelée dans les discours prononcés en faveur de l’ouverture démocratique des États. Au Mali, la nouvelle promesse pour l’émancipation des peuples abouti en 1992 à un régime démocratique. Cette ouverture démocratique a permis la prolifération des radios. Aujourd’hui, le pays compte plus de 300 radios émettant avec l’autorisation de la Haute autorité de la communication (HAC), pour une vingtaine de million d’habitants. Favorablement accueillie par les populations en soif de promesse démocratique, qui aboutirait à l’amélioration de leur cadre de vie, cette prolifération des médias s’est vite confrontée à la problématique de l’impréparation des animateurs et au questionnement de la volonté réelle des pouvoirs publics d’accorder aux acteurs une autonomie de gestion du secteur par l’autorégulation. Suite aux nombreux manquements constatés sur ce terrain et après des décennies de fonctionnement et d’expérimentations, l’heure est au questionnement du rôle que pourraient jouer les radios, surtout en milieu rural, pour un changement profitable aux populations dans un paysage où les règles sont mal définies et leur application semble prendre du plomb dans l’aile. Pour autant, la recherche en sciences de l’information et de la communication nous prévient contre tout déterminisme technologique, lequel, en l’occurrence, érigerait la radio comme facteur, en soi, du changement social. De fait, l’utilité des techniques ou dispositifs de communication dépend de leur appropriation par les communautés que ces dispositifs sont censés représentés. Nos études quantitatives de terrain nous ont permis de comprendre la question d’appropriation des émissions radiophoniques par les communautés rurales.