La patrimonialisation transformative : les héritages industriels dans la transformation des ruralités : le cas des héritages industriels en Monts d'Ardèche

The transformative heritage-making, a point of vue on ruralities tranformations : the exemple of industrial legacies in Monts d'Ardèche

• Auteur / Autrice : Flore Vigné
• Direction : Marie-Christine Fourny, Pierre-Antoine Landel
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Sciences du territoire
• Date : Soutenance le 06/12/2021
• Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pacte, laboratoire de sciences sociales (Grenoble, Isère, France)
• Jury : Président / Présidente : Edith Fagnoni
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Laurence Barthe, Vincent Veschambre, Michel Rautenberg
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Edith Fagnoni, Simon Edelblutte

Mots clés

Mots clés contrôlés

Aspect social

Innovation

Conditions rurales

Patrimoine industriel

Patrimoine culturel

Mots clés libres

Patrimonialisation

Ruralités

Industrie

Innovation sociale

Transformations

Héritage

Heritage-Making

Ruralities

Industry

Social innovation

Transformations

Legacy

Résumé

La thèse a pour objet le processus conjoint de patrimonialisations des héritages industriels des Monts d'Ardèche et de transformations des ruralités. L'étude a été menée dans le cadre d'une thèse en Convention Industrielle de Formation par la REcherche (CIFRE) liant la doctorante au Parc naturel régional (PNR) des Monts d'Ardèche et au laboratoire PACTE, via son antenne ardéchoise le Centre d'Etudes et de Recherches sur les MOntagnes SEches Méditerranéennes (CERMOSEM).L'hypothèse principale explorée dans ce travail est celle d'une patrimonialisation transformative, qui accompagne les changements des ruralités. La première partie pose les bases théoriques, pratiques et méthodologiques. La patrimonialisation transformative fait suite aux réflexions sur la ressource patrimoniale (considérant à la fois les acteurs, les objets et les projets patrimoniaux dans leurs rapports au temps et aux valeurs du projet) et l'expérience patrimoniale (mettant l'accent à l'échelle micro sur les pratiques et les représentations en construction et en tension). Elle interroge alors les trajectoires des espaces ruraux mais aussi les ruralités, c'est-à-dire les rapports à l'espace, via les modes d'habiter. Le cas des Monts d'Ardèche questionne la prise en compte des héritages industriels ruraux, nombreux dans cette région et signifiants pour son histoire : elle révèle les liens entre des artefacts issus du passé et la société locale actuelle. Ces héritages sont marginalisés, par leur caractère industriel, par leur caractère rural, et par la combinaison paradoxale de ces deux caractéristiques. Le constat est que la patrimonialisation se justifie difficilement sans faire appel à un nouvel usage ; de ce fait, elle peut venir appuyer un projet plus global.L'analyse empirique menée sur les Monts d'Ardèche, qui constitue les parties deux et trois de la thèse se réalise en deux temps et à deux échelles. Elle croise des données issues, de recensement des sites industriels anciens, d'études de cas et de participation observante en immersion dans le terrain. Nous questionnons d'abord les devenirs des héritages industriels ardéchois à travers les liens construits sur le temps long avec la société locale, en nous appuyant sur un recensement de 700 sites industriels antérieurs aux années 1960. Ces liens révèlent la place des sites industriels, au travers de leurs usages successifs. Ils permettent d'établir les trajectoires territoriales d'un espace rural, de la perte de ces liens dans la marginalisation ou la banalisation, à leur prise en compte dans la territorialisation. La patrimonialisation participe à cette dernière trajectoire par une réactualisation de ces liens dans un ancrage territorial. Pour approcher les dimensions expérientielles, nous considérons ensuite trois opérations particulières (Le Moulinon à Saint-Sauveur-de-Montagut, le moulinage de Pont-de-Veyrières à Chirols et La Nouvelle Manufacture à Saint-Martin-de-Valamas) pour analyser des patrimonialisations insérées dans des dynamiques d'innovations sociales : entreprise responsable, collectif d'habitants et porteurs de projets culturels. Ils rendent compte d'une forme originale de patrimonialisation transformative qui remémore les activités passées tout en revitalisant le présent. Les acteurs insèrent la dimension patrimoniale dans leurs projets territoriaux, ils manifestent d'une intention sur l'espace rural, infléchie par la patrimonialisation elle-même. L'analyse des projets et des opérations met en avant plusieurs modalités de transformations des ruralités, à travers l'ancrage au lieu, l'intégration d'une trajectoire écologique et le renouveau d'une identité locale.En final, la thèse s'inscrit dans la lignée des travaux portant sur les interactions entre patrimoine et territoire, elle propose un point de vue original en examinant un double processus de patrimonialisation et de territorialisation, via la transformation des ruralités, et en montrant comment il accompagne un projet social.

This PHD investigates the joint process of heritage-making from industrial legacies in Monts d'Ardèche and of ruralities transformations. The study was lead in the context of a CIFRE (Industrial Convention of Formation by Research) contract binding the PHD student to the Regional natural Park (PNR) of Monts d'Ardèche and PACTE laboratory (Grenoble Alpes University), through its office in Ardèche, the Research and Studies Center on Mediterrannean Dry Mountains (CERMOSEM).The key hypothesis of this research is the transformative heritage-making, which brings or accompanies the ruralities mutations. The first part of this work lays the theoretical, practical and methodological basis. From the theoretical point of view, the transformative heritage-making consider things in the continuation of reflections on the heritage resource (considering both the agents, the objects and the heritage projects in their relation to time and to the values carried by the project) and the heritage experience (emphasizing the micro scale on practices and representations under construction and coming into tension). It then questions the trajectories of rural areas but also ruralities, that is to say relations to space, through ways of living. The example of Monts d'Ardèche opens up a questioning of the terms of taking into account rural industrial legacies, plentiful in this area and historically meaningful : terms which reveal the links between artefacts from the past and current local society. These legacies are marginalized, by their industrial nature, by their rural nature, and by the paradoxical combination of these two features. Therefore, the heritage-making is difficult to justify without appealing to a new use and a re-use of the building ; as a result, it can support a more global project.The empirical analysis carried out on Monts d'Ardèche, which forms part two and three of the thesis, is carried out in two steps and on two scales. It combines data from a census of old industrial sites, case studies carried out on three sites and observant participation throughout the immersive fieldwork. First, we question the evolution of Ardèche industrial heritage through the links they have built over time with local society, based on a census of 700 industrial sites established before the 1960s. These links reveal the place and importance of industrial sites, through their successive uses. They make it possible to establish the territorial trajectories of a rural space, from the loss of these links in marginalization or trivialization, to their inclusion in territorialization. The heritage-making then participates in this last trajectory by updating these links in putting down territorial roots. To approach the experiential dimensions, we then consider three particular operations (Le Moulinon in Saint-Sauveur-de-Montagut, the moulinage of Pont-de-Veyrières in Chirols and La Nouvelle Manufacture in Saint-Martin-de-Valamas) to analyze heritage-making processes inserted in social innovations dynamics : responsible company, collective of inhabitants and promoters of cultural projects. They reflect an original form of transformative heritage-making that draws on past activities while revitalizing the present. The agents include the heritage dimension in their territorial projects, they express an intention for the rural space, but which can be influenced by the heritage itself. The analysis of projects and operations leads to highlight several terms of ruralities transformations, through putting down roots, the integration of an ecological trajectory and the renewal of a local identity.In the end, the PHD dissertation follows the work on the interactions between heritage and territory, it offers an original point of view by examining a double process of heritage-making and identity-making, via the transformation of ruralities, and by showing how it supports a social project.