Thèse soutenue

Topologies de l’accélération de flammes d’H2-O2-N2 dans des canaux étroits : de l’allumage jusqu’à la détonation

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Auteur / Autrice : Yves Ballossier
Direction : Ashwin ChinnayyaFlorent VirotJosue Melguizo-Gavilanes
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Energétique, thermique, combustion
Date : Soutenance le 16/12/2021
Etablissement(s) : Chasseneuil-du-Poitou, Ecole nationale supérieure de mécanique et d'aérotechnique
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Sciences et ingénierie des matériaux, mécanique, énergétique (Poitiers ; 2018-2022)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Pprime / PPRIME
Jury : Président / Présidente : Luc Bauwens
Examinateurs / Examinatrices : Mikhaïl Kuznetsov, Mario Sanchez-Sanz
Rapporteurs / Rapporteuses : Nabiha Chaumeix, Gabriel Ciccarelli

Résumé

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L’évolution vers une économie basée sur l’hydrogène nécessite une compréhension pratique et fondamentale des risques liés à sa production, son stockage et sa manipulation. En cas de fuite, un allumage accidentel d’un mélange réactif peut entrainer une transition de la déflagration à la détonation (TDD) dans des milieux confinés (p. ex.,dans des piles à combustibles, compartiments de batteries ou dans une centrale nucléaire). La TDD est un problème fondamental de combustion riche en physique. Il est important de la comprendre pour développer des corrélations et des outils de simulation pouvant être appliqués à la propulsion et à la prévention des explosions. L’objectif deces travaux de thèse est de développer un canal entièrement accessible optiquement afin d’observer la topologie de la flamme lors du processus de transition de la déflagration à la détonation dans des canaux étroits et sans obstacle (sections carrées d’environ 1 cm2 pour 1 m de long, fermés du côté de l’allumage, et ouverts à la sortie). La mise en place d’un système optique permettant de réaliser une strioscopie simultanée depuis deux directions orthogonales révèle pour la première fois la structure tri-dimensionelle de la flamme, pendant son accélération, de l’allumage jusqu’à la transition vers la détonation, pour des mélanges hydrogène-oxygène dilués à l’azote (c.-à-d.2H2 +O2 +ηN2 ). La topologie de la flamme est symétrique pendant les premières phases de propagation, avant de devenir fortement asymétrique pour tous les mélanges testés. En fonction de la dilution d’azote l’évolution de la flamme est perturbée différemment par les instabilités de combustion et les interactions entre la flamme, les parois et l’écoulement. Les mélanges les plus dilués (η = 2, 2,5 et 3,76) finissent par former une flamme en forme d’ogive symétrique plissée,alors que dans les cas moins dilués (η = 0 et 1), la flamme reste fortement asymétrique jusqu’à l’initiation de la détonation. Avec le mélange η = 2, la distance flamme-chocs reste plus faible. De plus, la flamme se propage à une vitesse plus importante que dans les cas η = 0 et 1, respectivement 1,5 à 1,78 contre 1,2 à 1,5 fois la vitesse du son dans les gaz brûlés, juste avant l’initiation de la détonation.À partir des données supplémentaires collectées via les deux directions de visualisation, nous avons pu prouver l’implication des parois, et principalement des coins dans l’initiation de la détonation dans un canal. Aucune initiation de la détonation au centre du canal n’a été rapportée dans cette configuration sur un ensemble de ∼90 essais. La grande quantité de données collectées permet d’estimer la fonction de répartition de la distance jusqu’à l’initiation de la détonation, x DDT , afin de tenir compte de l’aspect stochastique du phénomène. Ces données permettent aussi de comparer x DDT à des prédictions issues de modèles semi-empiriques et d’établir des corrélations entre x DDT et le taux d’expansion ou la taille de cellules.Finalement, grâce à une méthode simple, une première tentative de reconstruction de surface de la flamme a été réalisée. Le degré de plissement de la flamme, ou le ratio de surface de la flamme instantanée sur la surface de la flamme plane, est estimé à ∼10 juste avant l’initiation de la détonation. Ce degré de plissement de la flamme est comparé aux estimations issues d’un modèle théorique développé par Deshaies et Joulins. Un modèle scalaire capable de reproduire qualitativement la dynamique de la TDD a été étudié. Ce modèle met en avant le rôle des instabilités émergeant de la zone de réaction ainsi que des perturbations de pression dans l’initiation de la détonation.