Thèse soutenue

Impacts de l’orpaillage et de l’agriculture sur la qualité des eaux du Liptako nigérien : identification des hots spots des pollutions métalliques et organiques, transferts de connaissances entre recherche et terrain

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Auteur / Autrice : Oumar El Farouk Maman illatou
Direction : Marc VinchesMoussa Konaté
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la Terre et de l'Eau
Date : Soutenance le 16/12/2021
Etablissement(s) : IMT Mines Alès en cotutelle avec Université Abdou Moumouni
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : HydroSciences (Montpellier) - Hydrosciences Montpellier / HSM
Jury : Président / Présidente : Séverin Pistre
Examinateurs / Examinatrices : Marc Vinches, Moussa Konaté, Laurence Maurice, Serigne Faye, Juliette Cerceau, Yann Gunzburger, Haoua Seyni SABO
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurence Maurice, Serigne Faye

Résumé

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Au Liptako nigérien, la qualité de l’eau pour répondre aux besoins des populations et des écosystèmes est mise en péril par le développement des exploitations minières artisanales d’or et l’utilisation accrue de pesticides. Il est urgent d’améliorer la connaissance scientifique et locale afin de préserver la santé des populations et des écosystèmes. Mais dans quelles mesures une bonne connaissance de la qualité des ressources en eau du Liptako nigérien peut permettre d’améliorer l’état de santé des populations ? Cette thèse a pour objectif 1/ d’améliorer les connaissances sur la qualité des eaux dans le Liptako nigérien, 2/ de déterminer les origines possibles de ces contaminations, et 3/ de développer et mettre en place, en lien avec les différents acteurs du territoire, un outil de transfert de connaissances afin de favoriser l’émergence de nouvelles pratiques.Pour atteindre ces objectifs, une méthodologie pluridisciplinaire, à l’interface entre métrologie et sociologie, a été mise en place, articulant science dure et recherche participative. 43 puits et forages ont été échantillonnés au cours des périodes de hautes et basses eaux et analysés par ICP/MS et chromatographie ionique. Les roches encaissantes ont été analysées par MEB-EDS et par ICP/MS. Dans les zones agricoles, 6 sites ont été échantillonnés le long du fleuve Niger et son affluent la rivière Mékrou, pendant les deux saisons, au moyen de POCIS et par échantillonnage ponctuel. Les échantillons collectés ont été analysés par HPLC/MS. Sur les sites agricoles, des informations sur les pratiques agricoles et les pesticides utilisés ont été collectées auprès des producteurs. La co-construction du dispositif de transfert de connaissance recherche – terrain a été basée sur les principes de la modélisation d’accompagnement.Les résultats d’analyse des eaux souterraines ont révélé des concentrations en arsenic et en baryum significativement supérieures aux valeurs guides de l’OMS. Les concentrations excédant les limites de qualité dans les deux environnements géologiques sont relatives au manganèse, au nickel et au bore. Les méthodes de statistique descriptive ont permis de distinguer un faciès principal de type bicarbonaté calcique et magnésien. Les résultats de la MEB-EDS ont montré la présence de minéraux sulfurés et des oxydes de manganèse. L’origine de l’arsenic, dans les eaux souterraines, semble être associée à l’altération des minéraux sulfurés et aux conditions légèrement alcalines et oxydantes favorisant la désorption de l’arséniate de la surface des oxydes de fer et de manganèse. Les concentrations en baryum et en manganèse dans les eaux souterraines sont associées à leur présence naturelle dans les roches. La consommation des eaux souterraines riches en arsenic et en certains métaux traces présente des risques graves pour la santé humaine dans les zones d’orpaillage.Les analyses en pesticides des eaux ont permis de détecter, localement, les composés présentant des concentrations largement supérieures aux valeurs guides de l’OMS et de la directive EU : pour le diuron, l’atrazine et acétochlore. De mauvaises pratiques d’application des pesticides entrainent la contamination de eaux : 70% des pesticides utilisés ne sont pas homologués par le CILSS. La principale source des pesticides dans les eaux de rivières est liée à leur utilisation intensive dans l’agriculture urbaine, près de Niamey, et pour la production du coton, pour la Mékrou. Ces concentrations élevées en diuron, atrazine, et acétochlore, soulèvent des questions pour la santé des maraichers.Sur la question des pollutions métalliques, la co-construction d’un dispositif de transfert de connaissance entre recherche et terrain initié une dynamique de recherche participative et collaborative impliquant parties prenantes institutionnelles, ONG et orpailleurs. L’observation de cette co-construction encourage la diffusion de ce dispositif de transfert de connaissance à d’autres sites d’orpaillage.