Thèse soutenue

Façons de dire : les discours sur le sexe, la prostitution et la qahba dans le Maroc contemporain

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Auteur / Autrice : Hind Maghnouji
Direction : François Pouillon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Soutenance le 16/12/2021
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Fabienne Samson
Examinateurs / Examinatrices : Fabienne Samson, Léon Buskens, Bernard Traimond, Dominique Casajus, Alain Messaoudi, Anne-Marie Moulin
Rapporteurs / Rapporteuses : Léon Buskens, Bernard Traimond

Résumé

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Partant d’une enquête ethnographique au Maroc, cette thèse s’attache à comprendre l’impact des mots et des façons de parler du sexe et de la prostitution. En prenant appui sur la figure polymorphe de la qahba (« pute »), ce travail analyse la porosité qui existe entre les termes et les pratiques. Pour rendre compte de ces discours sur le sexe et la prostitution (féminine et masculine), cette recherche va manipuler toute une série de termes issue de l’arabe dialectal, du tarifit (parler berbère de la région du Rif) et aussi du français parlé au Maroc. Il s’agit de comprendre de quelles façons le langage et les discours (juridique, scientifique et ordinaire) permettent de mieux comprendre les attentes sociales et les normes concernant la prostitution dans le contexte marocain. Ce travail s’ouvre sur une présentation historique de la prostitution. L’étude revient sur les anciens usages, en cours sous le protectorat avec la figure de la « fille soumise » et le « quartier réservé » de Bousbir à Casablanca. Puis, à partir de sources documentaires (médicale, presse, monographie) et d’entretiens avec des prostitués et des travailleurs sociaux dans deux associations de lutte contre le VIH, il s’agira de comprendre l’omniprésence des discours sanitaires pour aborder la sexualité et la prostitution. Entre toutes ces polarités siègent pourtant des subjectivités subtiles que ce travail tente de mettre en lumière. Ensuite, en abordant les notions de haya’ (« pudeur ») et de virginité, il s’agira de mieux comprendre les complexités des postures et des réaménagements de soi qui rompent avec les identités polarisées et rigides. Enfin, en poursuivant ce fil rouge des mots, cette thèse va s’attarder, au travers d’une analyse de l’injure, à décrypter de quelles façons les insultes visant la prostitution et la sexualité peuvent être performatives, c’est-à-dire constituer des actes de langage. Les mots et les discours du sexe ouvrent donc sur un champ linguistique riche et dynamique qui contribue à mieux identifier ce que la « prostitution » veut dire dans un contexte marocain.