Thèse soutenue

Économie politique de l'État social en Corée du Sud : complémentarité et dissonance institutionnelles entre politiques sociales et politiques économiques

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Auteur / Autrice : Sang Bae Kim
Direction : Sébastien Lechevalier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 17/12/2021
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Alain Delissen
Examinateurs / Examinatrices : Alain Delissen, Se-Eun Jeong, Woo-seok Ok, Yohann Aucante, Bruno Palier
Rapporteurs / Rapporteuses : Se-Eun Jeong, Woo-seok Ok

Résumé

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Resté très sous-développé durant son industrialisation, l’État social sud-coréen a connu un véritable renforcement depuis 1998. Toutefois, la plupart des indicateurs concernant la qualité de la vie pour les Coréens du Sud restent encore à un niveau très faible. Pourquoi ? Ce travail se propose d’aborder cette question au travers de l’examen du régime de welfare. Les études précédentes montrent deux traits majeurs : tout d’abord leurs analyses portent sur le système de protection sociale et sur le marché du travail, et deuxièmement leurs typologies n’expliquent pas de façon satisfaisante la réalité de l’État social coréen, et notamment son évolution depuis 1998. Voulant dépasser ces limites, en argumentant qu’il faut prendre aussi en compte l’économique, quand il s’agit de recherches sur un régime de welfare, notre étude se focalise sur le lien institutionnel entre politique sociale et politique économique. Surtout, s’il est vrai que la complémentarité institutionnelle a bien constitué un concept essentiel lors des discussions sur les différents régimes d’économie capitaliste et leur prolongement dans l’étude du domaine du welfare, c’est bien plutôt une dissonance institutionnelle que ce travail considère comme pouvant être une variable explicative essentielle des limites de l’État social coréen. Voici, nos résultats majeurs. Les risques sociaux du pays proviennent d’une dualisation sociale, dualisation qui se manifeste par une disparité entre emplois permanents et précaires et par un écart important dans la condition de travail selon la taille de l’entreprise. Toutefois, tandis que la politique sociale s’attache au taux de fécondité et au vieillissement de la population, la politique de l’emploi n’a cessé d’insister sur le côté quantitatif plutôt que sur le côté qualitatif. S’agissant du domaine de la politique économique, notre étude constate que 1°) la politique fiscale et budgétaire a maintenu son attitude conservatrice du fait d’une contradiction entre différentes dynamiques internes ; 2°) en limitant toujours le but principal de leur politique monétaire à la stabilisation des prix et du marché financier, les autorités monétaires ont gardé à l’esprit et veillé davantage à la performance des exportations qu’à l’impact social de cette politique ; 3°) dans une direction globale qui veut continuer de renforcer son régime de croissance orientée par les exportations, la politique industrielle n’a pas su bien répondre au problème de la double concentration du pouvoir économique dans certaines grandes entreprises et dans la région métropolitaine. Enfin, c’est cette dissonance entre ces politiques qui semble bien pouvoir constituer l’un des facteurs qui permettent d’expliquer la faiblesse de l’État social coréen.