Quand les changements se font attendre : usages et impacts des discours sur le changement climatique à Ma'uke et Manihiki (îles Cook)
Auteur / Autrice : | David Glory |
Direction : | Laurent Dousset |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie sociale et ethnologie |
Date : | Soutenance le 16/12/2021 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Pascale Bonnemère |
Examinateurs / Examinatrices : Pascale Bonnemère, Hélène Artaud, Elsa Faugère, Tamatoa Bambridge, Elisabeth Worliczek | |
Rapporteur / Rapporteuse : Hélène Artaud, Elsa Faugère |
Mots clés
Résumé
Cette thèse se propose de comprendre la place qu’occupe le discours scientifique sur le changement climatique dans la vie des gens d’un territoire insulaire considéré comme particulièrement vulnérable à ce sujet : les îles Cook dans le Pacifique Sud. Trop souvent envisagé dans une perspective universelle, ce discours scientifique est tout sauf socialement neutre, puisqu’il s’appuie sur des concepts, des représentations du monde, du temps et de l’espace qui sont propres aux sociétés occidentales. Prenant pour base de réflexion une enquête ethnographique comparative de dix-huit mois menée dans les îles Cook, plus précisément à Ma’uke et à Manihiki entre 2014 et 2018, la présente étude interroge la perception et l’usage que les populations insulaires font de ce discours depuis son émergence au cours de la décennie 2010. Elle prend notamment pour base d’analyse, les collectes de savoirs locaux portant sur l’environnement menées par des scientifiques et des ONG environnementales auprès des populations afin d’illustrer la réalité du changement climatique. L’un des principaux enseignements de cette thèse est que l’usage du discours sur le changement climatique, notamment durant ces collectes, s’inscrit dans des stratégies individuelles et sociales qui dépassent le cadre de la problématique environnementale à proprement parler. L’interprétation de la théorie du changement climatique par les habitants des îles, ainsi que les pratiques et les discours qui lui sont associés, sont ainsi indépendants des caractéristiques du problème climatique. Ils se voient subordonnés aux statuts sociaux des insulaires, définis selon les rôles et les fonctions qu’ils occupent au sein de la communauté. En l’espèce, à défaut de provoquer une rupture de l’ordre social, la problématique du changement climatique reproduit et même renforce les systèmes de valeurs et de hiérarchies qui préexistaient à son émergence chez les Ma’ukean et les Manihikian. Ce travail montre combien il est nécessaire, pour comprendre les multiples sens qu’une communauté donne au discours scientifique sur le changement climatique, de mettre au cœur de l’analyse les tensions et dynamiques sociales qui la structurent.