Thèse soutenue

Raisonner en chinois, un effort intempestif : un philosophe et la langue chinoise, le cas de Chen Jiaying

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Auteur / Autrice : Xiyin Zhou
Direction : Yves Chevrier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage (option : langues de l'Asie orientale)
Date : Soutenance le 26/11/2021
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Laure Zhang
Examinateurs / Examinatrices : Laure Zhang, Sébastien Billioud, Frédéric Wang, Margherita Arcangeli, Alain Peyraube, Chong Qi
Rapporteurs / Rapporteuses : Sébastien Billioud, Frédéric Wang

Résumé

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La problématique de « philosopher en chinois » ou de « la philosophie en chinois », différente de celle de « la philosophie chinoise », ne devient enfin pleinement explicite et légitime qu’après le tournant linguistique. Traitant la philosophie par essence comme une pratique langagière, elle est étroitement liée à l’actuelle et épineuse construction de la subjectivité intellectuelle du chinois moderne. Adoptant une approche hybride de la linguistique et de la philosophie du langage, cette thèse étudie un philosophe chinois contemporain, Chen Jiaying (1952 - ), dont la philosophie est entendu comme un paradigme (au sens de “one of a kind”), en vue de clarifier ce que c’est « philosopher en chinois » ou bien « raisonner en chinois ». L’étude de cas, concentrée sur trois monographies, consiste à déchiffrer la pensée de cet auteur jointe à son style philosophique, en montrant les implications méthodologiques pour une pratique philosophique en chinois. J’examine sa démarche langagière, surtout son raisonnement invariablement basé sur la clarification de l’usage des mots chinois (ex. le problème délicat des termes transplantés) et son style argumentatif et dialogique basé sur des caractéristiques linguistiques propres à la langue chinoise. Tout ceci en vue de fournir, au-delà de la description analytique de ce qu’est « raisonner en chinois » (et de la conception éthique qui en procède), des références de méthode éclairantes et éventuellement normatives pour la pratique philosophique — comme « commencer toujours par des mots chinois sensibles », « revenir sans cesse aux choses elles-mêmes ». Cette thèse illustre également comment les deux modes de raisonnement, linguistique et philosophique, peuvent être conjugués pour approfondir et élargir non seulement notre compréhension du « philosopher en chinois », c’est-à-dire de la philosophie en chinois et de la langue chinoise en général, mais aussi celle d’un dialogue philosophique universel basé sur la pratique et la traduction des « langues naturelles » en philosophie.