La circulation des bijoux en parentèle tamoule : migration, genre et personne. Une ethnographie politique, mémorielle et sensorielle des joyaux franco-pondichériens
Auteur / Autrice : | Priyavady Ange |
Direction : | Véronique Bénéï |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie sociale et ethnologie |
Date : | Soutenance le 10/03/2021 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Michael Houseman |
Examinateurs / Examinatrices : Michael Houseman, Patrizia Ciambelli, Pierre-Joseph Laurent, Anne-Julie Etter, Caterina Guenzi, Zoé Elisabeth Headley, Florence Weber | |
Rapporteur / Rapporteuse : Patrizia Ciambelli, Pierre-Joseph Laurent |
Résumé
La présente thèse contribue au renouveau des études migratoires, postcoloniales françaises, du genre et de la parenté, notamment tamoule, par une ethnographie multisites à la fois de l’artisanat joaillier à Pondichéry et des bijoux circulant parmi les familles franco-pondichériennes. En France, cette population a davantage été étudiée dans des approches historiques, géographiques, juridiques ou linguistiques, mais encore peu en sociologie et en anthropologie. Cette recherche s’intéresse à l’expérience transnationale des Franco-Pondichérien·ne·s et à leurs pratiques d’ornementation et de parenté à travers leurs récits de bijoux. Le travail présente une grande originalité tant dans la manière dont il problématise les matériaux issus des enquêtes de terrain, et leur articulation avec des pans « classiques » de l’anthropologie de la parenté et du genre, que dans sa mobilisation de travaux plus récents sur une anthropologie matérielle. Ainsi, au cours de ses six chapitres, cette monographie invite métaphoriquement à une immersion textuelle, sensorielle et matérielle dans les écrins à parures de ces familles pour découvrir les imaginaires migratoires, urbains et politiques que cristallisent les « bijoux de Pondichéry ». Dans une perspective de l’anthropologie politique et historique, il s’agit également de documenter la transmission de la mémoire familiale et collective relative à la période de la décolonisation de l’Inde française, matérialisée dans deux bijoux, la « bague bleu-blanc-rouge » et le « collier d’Indépendance », datant des années 1950. Ces deux joyaux sont, à l’époque contemporaine, les supports d’une production incorporée de sentiments d’appartenance, ainsi que des identités (trans-)nationales, citoyennes, ethniques et territoriales. Par l’écriture en « coffret », cette thèse s'intéresse en outre à la matérialité des relations en parenté tamoule, c'est-à-dire leur tangibilité dans leurs dimensions structurelles, sensorielles et mémorielles. Il s'agit d'examiner en quoi les bijoux produisent les normes de genre, de la personne et des communautés matrimoniales en contexte tamoul. La question des transformations, tant des substances, du corps, que des pratiques est au coeur du projet doctoral, qui en portant la focale sur les bijoux, invite à penser la tangibilité du social par les objets. Enfin, ce travail s’appuie sur une ethnographie visuelle et filmique, menée conjointement avec les familles franco-pondichériennes et les orfèvres pondichériens.