Thèse soutenue

Le rire farcesque dans la comédie française de la Renaissance

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Auteur / Autrice : Mélanie Fruitier
Direction : Jean DevauxJean-Claude Ternaux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences humaines et humanités. Langue et littérature françaises
Date : Soutenance le 26/11/2021
Etablissement(s) : Littoral
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale en Sciences humaines et sociales (Amiens)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Unité de recherche sur l’histoire, les langues, les littératures et l’interculturel (Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais) - Unité de recherche sur l'histoire- les langues- les littératures et l'interculturel / HLLI
Jury : Président / Présidente : Patrizia De Capitani Bertrand
Examinateurs / Examinatrices : Jelle Koopmans, Rosanna Gorris
Rapporteurs / Rapporteuses : Patrizia De Capitani Bertrand, Jelle Koopmans

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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En pleine période humaniste, les dramaturges tentent de créer la comédie française originale. Ils peuvent compter sur plusieurs sources d'inspiration et prennent principalement pour modèles les oeuvres antiques, mais aussi les oeuvres espagnoles et italiennes plus contemporaines. Outre la volonté de rendre hommage à ces auteurs, les dramaturges français montrent leur désamour pour la période antérieure. Il s'agit donc de rompre avec toute forme médiévale, alors même que les farces sont encore représentées sur scène à cette époque. L'oeuvre qui inaugure la période, L'Eugène d'Étienne Jodelle, comporte pourtant des points communs avec la farce : triangle amoureux composé d'un moine lubrique, mari cocu content et expressions populaires savoureuses plongent la comédie dans une grivoiserie qui doit beaucoup à l'univers médiéval. Les comédies suivantes reprennent également les motifs farcesques, malgré la volonté affichée des auteurs. Le célèbre triangle amoureux se retrouve en effet dans La Trésorière de Jacques Grévin, qui met en scène une femme mariée cupide. Le dramaturge compose une autre comédie, Les Esbahis, représentant un vieillard amoureux qui devient la dupe du jeune premier qui, revêtant ses habits, se fait passer pour lui pour ''prendre un pain sur la fournée'', c'est-à-dire consommer le mariage avant l'heure. Le vieillard amoureux est également présent dans La Reconnue de Rémy Belleau, mais, plus sombre, tente d'arranger le mariage de sa pupille avec un clerc benêt. Les naïfs sont en effet fortement représentés dans la comédie humaniste, à l'image de Thomas dans Les Contens d'Odet de Turnèbe qui ne perçoit pas les intentions cachées de sa femme lorsqu'elle se rend en pèlerinage amoureux. Nous pensons aussi à Jaqueline dans La Tasse de Claude Bonet qui se fait duper à deux prises par des voleurs, et, après avoir été battue en conséquence par son mari, décide de retourner la situation en sa faveur en prenant un amant. S'ajoute le soldat fanfaron, personnage naïf par excellence, qui confond la réalité et ses rêves. En lien avec l'intrigue amoureuse, la galerie des personnages est complétée par l'entremetteuse, telle Françoise dans Les Contens qui détourne la religion pour persuader la jeune première de s'entretenir avec son bien-aimé. Mais nous assistons aussi à la fausse bravoure des valets, plus intéressés par la boisson et les plaisirs de la chair, à l'image de Gillet dans Les Corrivaus de Jean de La Taille. Là encore, les ressemblances avec l'univers médiéval sont frappantes. Des procédés farcesques sont en effet mis en oeuvre, comme le ''trompeur trompé'', mais aussi le déguisement avec Sobrin dans Les Escoliers de François Perrin qui réussit un coup de maître dans ce domaine. Parmi tous ces éléments, une donnée principale apparaît et réunit les deux périodes : le rire. Afin de révéler la tradition française au XVIe siècle, nous nous sommes appuyés sur un corpus humaniste composé de neuf comédies : L'Eugène, Les Corrivaus, La Trésorière, Les Esbahis, La Reconnue, Les Néapolitaines, Les Escoliers, Les Contens et La Tasse. Ce choix nous a permis de redécouvrir des pièces comiques qui ont largement contribué à l'édification de la comédie française, mais qui tendent à être oubliées par la recherche. Intégrer un corpus médiéval nous a offert la possibilité de remettre à l'honneur des pièces qui ont été longtemps décriées. Notre étude se compose de quatre thématiques : le plaisir, la naïveté, la ruse et l'argent. Nous avons pu ainsi étudier les différents types de personnage dont les caractéristiques font écho à la littérature médiévale, mais aussi les procédés dramatiques et les expressions populaires, participant au comique des oeuvres. L'objectif principal de notre travail est de mesurer l'empreint farcesque dans les comédies humanistes, et notamment de voir comment les dramaturges se sont emparés de cette source d'inspiration et ont réussi à la renouveler.