Étude des mécanismes moléculaires de l'évolution du génome chez la levure bourgeonnante Saccharomyces cerevisiae
Auteur / Autrice : | Melania Jennifer D'Angiolo |
Direction : | Éric Gilson, Gianni Liti |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de la vie et de la santé |
Date : | Soutenance le 18/01/2021 |
Etablissement(s) : | Université Côte d'Azur |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Nice ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université Côte d’Azur (2020-....) |
Laboratoire : Institut de recherche sur le cancer et le vieillissement (Nice) | |
Jury : | Président / Présidente : Miguel Godinho Ferreira |
Examinateurs / Examinatrices : Gianni Liti, Miguel Godinho Ferreira, Delphine Sicard, Pei-Yun Jenny Wu, Bernard Dujon | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Delphine Sicard, Pei-Yun Jenny Wu |
Mots clés
Résumé
L'évolution du génome consiste en la modification progressive de ce dernier au fil du temps et résulte de la variation des gènes dans leur ensemble, des mutations, des recombinaisons et échanges génétiques entre populations. L'essor des technologies de séquençage de nouvelle génération ainsi que la réduction de leur coût ont permis d’augmenter le nombre de génomes disponibles, permettant d’élucider les mécanismes moléculaires impliqués dans leur évolution. Dans ce travail, j'ai utilisé la levure bourgeonnante Saccharomyces cerevisiae pour étudier deux aspects fondamentaux de l'évolution du génome: l'origine des introgressions inter-espèces et la diversité des télomères.Une introgression est une insertion de matériel génétique provenant d’une population dans une autre. Ce phénomène naît d'événements d'hybridation suivis de rétrocroisements répétés avec l'une des populations parentales. Dans la première partie de ma thèse, j'ai étudié une lignée de S. cerevisiae isolée à partir des eaux usées de la production d'huile d'olive (Alpechin), qui comprend d'abondantes introgressions de l'espèce sœur S. paradoxus, ainsi qu’une souche hybride S. cerevisiae/S. paradoxus caractérisée par des nombreuses régions de perte d'hétérozygotie (LOH). J'ai établi une carte génétique détaillée des LOHs dans la souche hybride et comparé leur position aux introgressions dans les souches d'Alpechin pour déterminer leurs relations. J'ai constaté que LOHs et introgressions se chevauchaient et provenaient de l’ascendance de S. paradoxus, indiquant que les introgressions dans la lignée d’Alpechin découlent directement des LOHs. J'ai proposé un modèle pour expliquer l'origine des introgressions chez la levure selon lequel les LOHs permettent aux hybrides inter-espèces de surmonter leur stérilité et j’ai validé la fiabilité de ce postulat à l'aide d’approches expérimentales et informatiques.Dans la deuxième partie de ma thèse, j'ai caractérisé la diversité des télomères chez S. cerevisiae et l’effet d’un stress télomérique sur le fitness cellulaire. Premièrement, j'ai estimé la longueur des télomères dans plus de 900 souches isolées à travers le monde et constaté une vaste hétérogénéité, bien que les souches issues d’habitats naturels présentent des télomères plus courts que celles issues de l’agroalimentaire. J'ai ensuite réalisé une étude d'association pangénomique qui a permis d’identifier des variants génétiques susceptibles de moduler la longueur des télomères. De plus, j'ai identifié des mutations délétères dans des gènes connus pour influencer la longueur des télomères. J'ai aussi utilisé un ensemble de données phénotypiques pour déterminer si certains facteurs non génétiques sont associés à la variation de longueur des télomères, et j’ai ainsi pu constater une connexion entre le métabolisme mitochondrial et les télomères dans les souches naturelles.Deuxièmement, j'ai étudié l’effet d’un stress télomérique chronique chez des levures modifiées avec des répétitions télomériques humaines. J'ai fait évoluer ces levures «humanisées» sur plusieurs générations par le biais de lignées cellulaires non-sélectives et j’ai observé un ralentissement de la vitesse de division et de la longévité, parallèlement à une augmentation du taux de mutations. Enfin, j'ai procédé à une expérience d’évolution adaptative pour permettre l’émergence de mutations bénéfiques qui contrecarrent le déclin de fitness des levures «humanisées». Après évolution, la plupart des lignées ont retrouvé leurs caractéristiques originelles grâce à l'apparition de mutations spécifiques en lien avec la réponse aux dommages de l'ADN.Dans l'ensemble, mes travaux ont permis d’établir une nouvelle hypothèse expliquant l’origine des introgressions chez les espèces reproductivement isolées et de même ont permis de caractériser la diversité et l’instabilité des télomères à une échelle sans précédent, contribuant à l’élucidation des mécanismes moléculaires impliqués dans l’évolution des génomes.