Thèse soutenue

Mettre en scène l'Algérie coloniale : Les préfets d'Alger et le protocole (1936-1961)

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Auteur / Autrice : Majid Embarech
Direction : Xavier Huetz de Lemps
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisation des mondes moderne et contemporain
Date : Soutenance le 26/11/2021
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de la Méditerranée moderne et contemporaine (Nice)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jacques Cantier, Sylvie Thénault, Rémi Dalisson, Jean-Paul Pellegrinetti
Rapporteurs / Rapporteuses : Jacques Cantier, Sylvie Thénault

Résumé

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Entre 1936 et 1961, le protocole en Algérie opère en permanence une classification des rôles qui participe à l’autoreprésentation et à la production de l’ordre colonial. Le préfet incarne un maillage organisationnel essentiel d’un pouvoir colonial producteur d’inventions symboliques décisives. Dans ce cadre, le préfet d’Alger est chargé de se présenter sur scène afin d’incarner l’État dans un territoire où le gouverneur fait office de vice-roi, et où les cérémonials revêtent une importance symbolique décuplée par rapport à la métropole. Dans cette perspective notre étude se fonde pour l’essentiel sur l’analyse du protocole mis en œuvre lors des cérémonies officielles du 14 juillet et du 11 novembre ainsi que sur celui déployé à l’occasion des visites officielles en Algérie. Le protocole est un outil de surveillance efficace pour un préfet chargé d’organiser la « géographie de l’honneur » afin de stabiliser et perpétuer un système colonial établi grâce à la conquête, garanti par l’implantation d’un peuplement européen. Le protocole a paradoxalement constitué un moyen d’expression pour certaines élites algériennes en leur permettant de s’approprier progressivement une portion de l’espace public, certaines d’entre-elles exprimant par ce biais des revendications indépendantistes. Cette « appropriation subversive » mâtinée d’indifférence se transforme progressivement en appel systématique au boycott dans les années 1940 et 1950, pour finir par se muer en une attitude de retrait pur et simple du dispositif protocolaire au cours de la guerre d’Algérie. Parallèlement, des groupes militants pro-Algérie française contestent un protocole censé masquer l’abandon progressif de l’Algérie par les autorités. D’outil de manipulation et de contrôle idéologique, le protocole devient un révélateur de la fracture entre les défenseurs de l’Algérie française et les partisans des réformes « libérales » du système colonial puis de l’indépendance.