Thèse soutenue

Avifaune du Pléistocène supérieur et de l’Holocène de l’archipel guadeloupéen : évolution de la biodiversité et interactions avec l’Homme

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Auteur / Autrice : Monica Gala
Direction : Véronique LaroulandieArnaud Lenoble
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Préhistoire
Date : Soutenance le 15/12/2021
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences et Environnements (Talence, Gironde ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : De la Préhistoire à l'Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie (Talence)
Jury : Président / Présidente : Christine Karen Lefevre
Examinateurs / Examinatrices : Zbigniew M. Bocheński, Helen Frances James, Nathalie Serrand
Rapporteurs / Rapporteuses : Zbigniew M. Bocheński, Helen Frances James

Résumé

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La faune et la flore de la Caraïbe se caractérisent par un haut degré d’endémisme et par un important taux d’extinction. Parmi les vertébrés terrestres indigènes des îles des Caraïbes, un des 36 points chauds de la biodiversité, certains ont un taux d’extinctions le plus élevé au monde (e.g. mammifères). En ce qui concerne les oiseaux, nos connaissances sont limitées à certaines îles des Grandes Antilles et des Bahamas et il existe très peu de donnés sur les Petites Antilles et encore moins sur la Guadeloupe. En effet, seuls quelques restes aviaires provenant de 14 sites des îles de Guadeloupe, la plupart étant indéterminés au niveau générique ou spécifique ont été mentionnés.Les vestiges paléontologiques et archéologiques recueillies au cours des 70 dernières années dans l’archipel de Guadeloupe et le développement d’une collection ostéologique de référence dédiée aux Petites Antilles en support de l’identification des spécimens fossiles et subfossiles permettent de combler pour partie cette lacune. Les données historiques issues des observations des chroniqueurs des XVIIe et XVIIIe siècles (Breton, Du Tertre, Labat) et les études ornithologiques du XIXe siècle et actuelles ont aussi été prises en compte pour les périodes récentes.Notre recherche, à travers trois objectifs complémentaires, vise à documenter les communautés d'oiseaux des îles de la Guadeloupe au cours des 30 000 dernières années : 1) comparer l’avifaune passée et moderne des îles de Guadeloupe afin de mettre en évidence des changements significatifs dans les communautés aviaires depuis le Pléistocène supérieur ; 2) établir une chronologie de l’extinction aviaire de la fin du Quaternaire, et de l’extirpation des îles de la Guadeloupe ; 3) apprécier le rôle des changements environnementaux et des impacts humains dans la dynamique des populations aviaire.L’analyse porte sur plus de 4 500 restes (2 457 restes déterminés, 330 individus) provenant de 24 assemblages aviaires de Basse-Terre, Grande-Terre, La Désirade, Marie-Galante et Les Saintes. Ces restes documentent la période précédant la présence de l’homme jusqu’à l’époque historique (période pré-humaine, période amérindienne archaïque puis céramique, période du Contact et période Coloniale) a mis en évidence des changements de la communauté aviaire (extirpation et extinction, réduction d’aire d’habitat et introduction). Au moins 55 taxons ont été identifiés appartenant à 26 familles sous 16 ordres. Plusieurs taxons sont représentés pour la première fois dans le registre fossile de la Guadeloupe ou les îles des Petites Antilles (36 taxons).Deux espèces éteintes sont mises en évidence : l’Ara de Guadeloupe (Ara cf. guadeloupensis) et l’Effraie géante (Tyto sp.). Le registre fossile documente surtout des événements de disparition locale, c’est-à-dire la disparition d’une espèce de l’une des principales îles de Guadeloupe. Un événement traduit possiblement l’évolution naturelle du milieu induite climatiquement, celui de la Tourterelle à ailes blanches (Zenaida cf. asiatica) reconnue dans le registre pléistocène de Marie-Galante. Mais, pour l’essentiel et lorsqu’ils peuvent être datés, ces événements interviennent à l’époque historique.Les résultats de cette étude montrent ainsi que l’impact humain direct ou indirect est la principale cause de la perte de biodiversité aviaire dans cet archipel. Ils rejoignent, de ce point de vue, ceux obtenus sur les autres groupes de la faune vertébrée terrestres. Surtout, ils indiquent que les modifications humainement induites du milieu ont conduit, dans les Petites Antilles, à la disparition et à la réduction d’une partie importante des populations natives d’oiseaux.