Leviers bioéconomiques pour assurer la fourniture du service écosystémique de pollinisation dans les territoires agricoles intensifs
Auteur / Autrice : | Jérôme Faure |
Direction : | Jean-Christophe Pereau, Lauriane Mouysset, Sabrina Gaba |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 14/12/2021 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Entreprise, économie, société (Talence, Gironde ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Groupe de recherche en économie théorique et appliquée (Pessac, Gironde ; 2007-2021) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Jean-Christophe Pereau, Lauriane Mouysset, Sabrina Gaba, Arnaud Reynaud, Jean-Michel Salles, Sophie Thoyer, Colin Fontaine |
Rapporteur / Rapporteuse : Arnaud Reynaud, Jean-Michel Salles |
Mots clés
Résumé
Alors que l’un des objectifs majeurs mis en avant par l’IPBES (2019) est celui de nourrir la planète tout en améliorant la santé globale des écosystèmes, l’agriculture intensive reste l’une des causes principales du déclin de la biodiversité, dont celui des pollinisateurs à l’échelle planétaire est emblématique. Les cultures pollinisées représentent près de 80% des espèces cultivées en Europe et jouent un rôle écologique et économique crucial dans les agroécosystèmes (Klein et al., 2007). Par conséquent, le déclin des pollinisateurs questionne les pratiques agricoles actuelles. L’objectif de la thèse est d’identifier et d’évaluer des solutions efficaces et durables pour assurer la fourniture du service de pollinisation dans les agroécosystèmes intensifs. Jusqu’à présent, les recherches menées pour enrayer le déclin des pollinisateurs se sont focalisées sur plusieurs réponses techniques, mais en ignorant les préférences des agriculteurs ou des apiculteurs. Dans un premier temps, nous identifions les leviers techniques les plus efficaces pour augmenter la magnitude du service de pollinisation, puis nous analysons les préférences des agents à leur propos. Dans un deuxième temps, nous évaluons certains leviers bioéconomiques (i.e. en combinant l'adoption d'une pratique avec une motivation socio-économique) d'un point de vue économique mais aussi écologique. Pour cela, nous mobilisons des concepts et théories de plusieurs champs disciplinaires, principalement de l’économie et de la psychologie, ainsi que des approches de modélisation bioéconomique et d’économétrie. Nous nous focalisons sur le cas d'étude de la Zone Atelier ''Plaine & Val de Sèvre'' (Deux-Sèvres, France), un agroécosystème intensif Ouest-Européen typique, que nous utilisons pour la calibration des modèles. Pour l'identification des préférences nous utilisons deux jeux de données issues d'enquêtes auprès d'agriculteurs: un réalisé sur la Zone Atelier, et un réalisé en ligne à l'échelle de la France. Nos résultats montrent que les leviers présentent une grande acceptabilité parmi les agriculteurs, mais qu'ils sont peu adoptés. Les leviers les plus efficaces sont souvent les moins adoptés. Cette adoption est influencée par les coûts, mais aussi par les préférences face au risque ou d'autres facteurs comportementaux. Nous simulons dans un premier temps, grâce à un modèle bioéconomique, un levier prometteur: celui de stimuler la pollinisation domestique en incitant les agents par des systèmes de taxes-subventions. Cependant, nous montrons que, bien que privilégier les abeilles domestiques et l'apiculture soit économiquement performant, les performances environnementales sont faibles du fait que ce système soit compatible avec l'agriculture intensive. Connaissant les préférences des agents, nous simulons l'adoption de bandes fleuries (le levier agricole le plus efficace) qui permet à la fois d'augmenter la pollinisation, mais aussi de stabiliser les rendements par le phénomène d'''assurance naturelle''. Cependant, nous montrons que leur adoption est chère par rapport au maintien de la pollinisation par les abeilles domestiques, et à la contractualisation d'une assurance agricole. Enfin, nous établissons une théorie des politiques optimales soutenant les services écosystémiques et prenant en compte la dimension comportementale. Nous montrons que celles-ci pourraient augmenter l'adoption de pratiques et ainsi être plus efficientes que des politiques de soutien financier ''classiques''. Cette thèse contribue, par une approche interdisciplinaire entre économie agricole, comportementale et écologie, au débat actuel sur les moyens d'augmenter la pollinisation dans les agroécosystèmes,et plus globalement sur la multifonctionnalité de l’agriculture.