Prévention en période anténatale en France : facteurs associés et effets sur la santé mentale et la qualité de vie maternelle en période postnatale
Auteur / Autrice : | Séverine Cabe Barandon |
Direction : | Anne-Laure Sutter-Dallay |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Pharmaco-épidémiologie, pharmaco-vigilance |
Date : | Soutenance le 16/12/2021 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Bordeaux population Health |
Equipe de recherche : E9 - Assessing Health in Digitalising real-world setting : pharmacoepi and beyond_AHeaD | |
Jury : | Président / Présidente : Antoine Pariente |
Examinateurs / Examinatrices : Anne-Laure Sutter-Dallay, Claude d' Ercole, Sylvie Nezelof, Anne-Catherine Rolland, Cédric Galéra | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Claude d' Ercole, Sylvie Nezelof |
Résumé
La santé mentale des femmes en période périnatale est une priorité de santé publique. Première cause de décès maternel en France, les pathologies mentales et notamment la dépression postnatale (DPN) ont aussi des effets sur la santé de la mère, du père et le développement de l’enfant. A l’heure où la promotion pour la santé (PPS) est devenue la clé de voute d’un système visant à gommer les inégalités sociales de santé, peu de travaux scientifiques se sont intéressés aux interventions anténatales de PPS que sont l’Entretien Prénatal Précoce (EPP) et la Préparation à la Naissance et à la Parentalité (PNP). Répondent-elles à leurs objectifs de dépistage et de prévention en termes de santé mentale et de qualité de vie (QV) ? Sont-elles les seules stratégies d’intervention mobilisables et sont-elles adaptées ?Pour répondre à ces questions, nous avons étudié au sein d’un échantillon de mères représentatif de la population française (Étude Longitudinale Française depuis l’Enfance-E.L.F.E.) : (1) les facteurs sociodémographiques et de santé associés à la pratique de l’EPP et/ou de la PNP (2) les liens entre la pratique de l’EPP et/ou de la PNP et les symptômes dépressifs postnataux (SDPN) à 2 mois post-partum évalué par l’ Edinburgh Post Natal Scale (EPDS) (3) les facteurs sociodémographiques, économiques, de santé de la mère, psychologiques, de santé de l’ enfant, et liés au soutien social associés à la QV physique et mentale des mères à 1 an post-partum évaluée par le SF-12.Pour atteindre ces objectifs nous avons mené trois études. Les résultats de notre première étude (n=14595 femmes sans jumeaux, vivant en couple et sans données manquantes) ont permis de montrer que l’EPP et la PNP concernaient préférentiellement des populations de femmes de bon niveau sociodémographique quand les femmes les plus vulnérables sur ce plan ne bénéficiaient pas plus souvent d’un EPP et accédaient moins fréquemment à la PNP. Les résultats de la deuxième étude (n=16411 femmes sans jumeaux et sans données manquantes sur la variable principale) ont permis de montrer que ces mesures anténatales concernaient une minorité de femmes (35 % avaient eu à la fois un EPP et une PNP, 26 % n'avaient eu aucune mesure préventive pendant la grossesse). Lorsque l’EPP et la PNP étaient associés, le taux de femmes présentant des SDPN légers à 2 mois post-partum (EPDS>10) étaient plus faible que lorsqu’elles étaient pratiquées séparément ou non faites. Il n’y avait pas d’association avec la présence de symptômes dépressifs cliniquement significatif à 2 mois post-partum (EPDS>12). Les résultats de la troisième étude (n=11514 femmes sans jumeaux et sans données manquantes pour la variable principale) ont permis de montrer que les facteurs influençant la QV des mères à 1 an post-partum sont nombreux et multidimensionnels et surtout souvent présents et identifiables avant et/ou pendant la grossesse. Il n’existait pas d’association entre le fait d’avoir bénéficié de l’EPP et/ou la PNP et la QV à 1 an post-partum.Nos résultats soulignent que les stratégies de PPS et de prévention que sont l’EPP et la PNP ne pourront, en l’état, être une réponse univoque à la problématique de la prévention en santé mentale périnatale. Intégrées dans un système de prévention et de soins gradués et coordonnés de l’anté au postnatal, ces interventions pourront répondre aux besoins spécifiques des femmes et des coparents. Si elles intègrent une vision écosystémique et se déclinent dans cette approche populationnelle, elles pourront être à la base d’un parcours de PPS à la hauteur du défi des «1000 premiers jours ».