Thèse soutenue

Rôle des hétérogénéités électrophysiologiques et structurelles dans la mort subite cardiaque

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Auteur / Autrice : Estelle Renard
Direction : Olivier Bernus
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie Cellulaire et Physiopathologie
Date : Soutenance le 13/12/2021
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Talence, Gironde ; 1993-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche cardio-thoracique de Bordeaux
Jury : Président / Présidente : Flavien Charpentier
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Bernus, Flavien Charpentier, Sylvain Richard, Estelle Gandjbakhch
Rapporteur / Rapporteuse : Flavien Charpentier, Sylvain Richard

Résumé

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La fibrillation ventriculaire (FV) est une cause majeure de mort subite cardiaque (SCD). Dans les coeurs en apparence structurellement sains, les FVs peuvent avoir lieu sans qu’aucune anomalie ne puisse les expliquer (FV idiopathique ou IVF), cependant, elles peuvent aussi être associées à un phénotype ECG d’onde J ou d’élévation du segment ST comme dans les syndromes de Brugada (BrS) et de repolarisation précoce (ERS). Les mécanismes qui sous-tendent l'émergence de ce type d'ECG et l’arythmogénèse qui y est associée sont débattus, certains considérant l'onde J comme l'expression phénotypique d'une dépolarisation ventriculaire hétérogène et tardive tandis que d'autres l'associent à une hétérogénéité de repolarisation ventriculaire. De manière intéressante, la présence de zones localisées d’électrogrammes (EGMs) fragmentés a été démontrée chez des patients atteints de BrS, mais également chez des survivants d’IVF suggérant l’existence chez ces patients d’un substrat arythmogène discret. Aujourd’hui, la majorité des patients décédés à la suite d’une SCD n’avaient pas pu être identifiés comme appartenant à une population à risque, ce qui est dommageable car des moyens de prévention existent.Dans ce contexte, ma thèse avait pour objectif d’améliorer la caractérisation phénotypique et mécanistique de chacun de ces substrats potentiellement arythmogènes pour ouvrir de nouvelles perspectives de diagnostic et de développement de thérapies plus spécifiques pour la prévention de la SCD.Quatre études complémentaires ont pour cela été réalisées au cours de cette thèse. La première a permis la création de modèles porcins d’hétérogénéités ventriculaires de repolarisation ou de conduction plus ou moins localisées qui ont mis en évidence l’arythmogénicité et les marqueurs de cartographie invasive spécifiques à chaque substrat. Parallèlement, grâce à l’opportunité unique d’obtenir des tissus humains, la seconde étude a permis d’étudier les caractéristiques fonctionnelles, structurelles et biochimiques du coeur d’un patient décédé de SCD inexpliquée (IVF) mais dont les tests génétiques post-mortem ont révélé une mutation sur le gène codant pour le canal sodique cardiaque (SCN5A). Dans une troisième partie, les origines de l’onde J ont été étudiées dans un contexte d’hypothermie au sein de ventricules porcins et humains. Enfin, une dernière partie de cette thèse a été consacrée à la mise en place d’une plateforme d’étude multimodale sur tranches myocardiques qui permettra par la suite de mieux caractériser les hétérogénéités électrophysiologiques et microstructurelles impliquées dans la SCD par l’utilisation de tissus sains et pathologiques.Réunies, ces données ont permis de comprendre que les ondes J semblent pouvoir émerger, en fonction du contexte, en présence des deux types d’hétérogénéité. Ces anomalies de surface correspondent donc à l’expression d’un spectre de conditions physiopathologiques dont les substrats arythmogènes peuvent être fondamentalement différents, le BrS semblant davantage associé à une hétérogénéité de conduction tandis que l’hypothermie ferait plutôt émerger une hétérogénéité de repolarisation. L’ERS semble quant à lui pouvoir être associé aux deux types d’hétérogénéités. Ces substrats peuvent cependant passer inaperçus à l’ECG lorsqu’ils sont très localisés (IVF et SCD inexpliquée). La seconde étude a en effet permis de démontrer pour la première fois que des mutations sur SCN5A associées au BrS pouvaient être responsables de défauts de conduction localisés potentiellement arythmogènes en l'absence d'un phénotype ECG et d'anomalies structurelles. En outre, la fragmentation d’EGMs, détectable par cartographie invasive, semble constituer un marqueur spécifique de conduction hétérogène qui devrait guider les cliniciens vers une ablation des zones présentant de tels signaux. Néanmoins, pour faciliter le dépistage, des marqueurs spécifiques détectables par des méthodes non invasives devront être déterminés