Thèse soutenue

Trajectoires technologiques et dynamiques de niches éco-culturelles du Gravettien moyen au Gravettien récent en France

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Auteur / Autrice : Anaïs Vignoles
Direction : William E. Banks
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Préhistoire
Date : Soutenance le 06/12/2021
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences et Environnements (Talence, Gironde ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : De la Préhistoire à l'Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie (Talence)
Jury : Président / Présidente : Pierre Antoine
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Sepulchre, Nejma Goutas, Laurent Klaric
Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre Noiret, Andrew Townsend Peterson

Résumé

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L’un des enjeux majeurs de l’archéologie préhistorique est la définition des processus culturels à l’origine de la variabilité dans la culture matérielle des chasseurs-cueilleurs du passé. Dans cette thèse, nous proposons d’identifier certains des mécanismes à l’origine des trajectoires technologiques lithiques observées au Gravettien moyen – caractérisé par le Noaillien et le Rayssien (32-28.75 ka cal. BP) – et au Gravettien récent (28.75-26.5 ka cal. BP) en France et dans ses marges. Les unités archéologiques caractéristiques de ces périodes présentent une répartition géographique différente. Des changements technologiques majeurs sont chronologiquement associés à des périodes de forte instabilité climatique – telles que l’événement de Heinrich 3 (HE3) au Gravettien moyen, ou l’adoucissement climatique lié à l’interstade du Groënland 4 (GI 4) au Gravettien récent. Toutefois, la réalité d’une éventuelle relation causale entre variabilité technologique et écologique nécessite d’être testée plus précisément par le biais d’une approche quantitative et interdisciplinaire, visant à mieux mettre en relation des données archéologiques et environnementales.Dans cette optique, nous avons mis en place une approche intégrant l’étude typo-technologique de trois collections archéologiques – le niveau 10/11 de l’Abri du Facteur à Tursac, le gisement archéologique des Jambes à Périgueux et la séquence gravettienne du Flageolet I à Bézénac – et la modélisation de niches éco-culturelles, pour explorer les relations culture-environnement à différentes échelles. Nos résultats indiquent que les ruptures typo-technologiques observées sont concomitantes du changement des niches éco-culturelles dans des dimensions tant environnementales que géographiques. À partir de ces résultats, nous proposons l’action de trois mécanismes ayant pu influer sur ces trajectoires culturelles.• Au Gravettien moyen, la différenciation typo-technologique entre l’aire pyrénéo-cantabrique (Noaillien) et les territoires au nord de la Garonne (Noaillien et Rayssien) pourrait s’expliquer par les spécificités environnementales de chaque territoire, ainsi que par une probable spécialisation de la chasse au nord de la Garonne.• La généralisation de la méthode du Raysse au nord de la Garonne semble liée à un isolement démographique à mettre en relation avec des conditions inhospitalières dans le couloir de la Garonne et le désert périglaciaire des Landes. Dans ce contexte, des changements dans les modes de transmission ont pu favoriser la sélection de cette méthode au dépend d’autres pour la fabrication d’éléments d’armatures.• La disparition de la méthode du Raysse et le retour à des schémas de production de pointes à dos plus souples durant le Gravettien récent suggère un changement dans les normes entourant la fabrication d’éléments d’armatures, en lien avec une réorganisation territoriale des ressources liée à l’adoucissement du climat du GI 4.Ce scénario interprétatif met en évidence le rôle certes prépondérant de facteurs environnementaux, mais surtout leurs interactions avec des facteurs sociaux (e.g., stratégies de subsistance, organisation territoriale et technologique) dans la définition des mécanismes à l’origine des trajectoires technologiques et culturelles au Gravettien moyen et récent.