Les conduites suicidaires chez les étudiants : analyse et modélisation du risque dans la cohorte i-Share.
Auteur / Autrice : | Melissa Macalli |
Direction : | Christophe Tzourio, Sylvana Côté |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Santé publique Option Epidémiologie |
Date : | Soutenance le 30/11/2021 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Bordeaux population Health |
Jury : | Président / Présidente : Emmanuel Mellet |
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Tzourio, Sylvana Côté, Emmanuel Mellet, Maria Melchior, Bruno Falissard, Marie-Claude Geoffroy | |
Rapporteur / Rapporteuse : Maria Melchior, Bruno Falissard |
Mots clés
Résumé
En France, le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans. Si le risque suicidaire au cours de l’adolescence est bien documenté, peu de données sont disponibles en France sur la santé mentale des étudiants et sur les conduites suicidaires en particulier. La vie étudiante s’accompagne pourtant d’un certain nombre de changements qui surviennent dans une période de transition vers l’âge adulte, connue comme représentant une période sensible pour le développement de troubles psychiatriques. L’objectif principal de cette thèse était d’analyser et de modéliser le risque suicidaire chez les étudiants, afin d’identifier les individus à risque, à travers deux objectifs spécifiques : 1) étudier l’association entre les conduites suicidaires et des facteurs auto-déclarés dans l’enfance et l’adolescence que sont le soutien parental perçu, la victimisation par les pairs et/ou la maltraitance parentale ; 2) développer un modèle de prédiction des comportements suicidaires chez les étudiants en utilisant des méthodes d’apprentissage automatique. Des analyses, menées à partir des données de la cohorte i-Share, étude prospective longitudinale qui inclut des étudiants volontaires depuis 2013, ont montré les résultats suivants : 1) un étudiant sur cinq (21%) a rapporté des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois et 6% ont déclaré des tentatives de suicide au cours de la vie ; 2) l’absence de soutien parental perçu dans l'enfance et l'adolescence était associée à une probabilité quatre à neuf fois plus élevée de présenter des pensées suicidaires occasionnelles (rapport des cotes ajusté RCa : 4,55 ; intervalle de confiance IC 95% : 2,97-6,99) ou multiples (RCa : 8,58 ; IC 95% : 4,62-15,96), par rapport aux individus qui ont perçu un soutien parental très important ; 3) les étudiants qui ont déclaré être victimisés par leurs pairs, sans maltraitance parentale associée, étaient plus susceptibles de présenter des idées suicidaires sans (RCa : 1,62 ; IC à 95% : 1,26-2,09) ou avec tentative de suicide (RCa : 2,70 ; IC à 95% : 1,51-4,85) ; 4) parmi plus de 70 prédicteurs mesurés à l’inclusion dans l’étude, quatre ont montré le pouvoir prédictif le plus élevé de conduites suicidaires : les précédentes pensées suicidaires, l’anxiété-trait, les symptômes de dépression et l'estime de soi. Dans des analyses secondaires menées à partir des données de la cohorte CONFINS, nous avons montré que les étudiants étaient plus susceptibles que les non-étudiants de présenter des troubles de santé mentale au cours de l’épidémie de COVID-19, notamment en période de confinements. Ces travaux soulignent la fragilité de la population étudiante et la nécessité d’y porter une plus grande attention. Plus spécifiquement, nos résultats montrent l’intérêt de renforcer des programmes portant sur le soutien à la parentalité et la lutte contre le harcèlement scolaire pour réduire le risque suicidaire à long terme du jeune adulte et ils ouvrent la voie à de nouvelles stratégies d’interventions, en lien avec le renforcement de l’estime de soi à l’université. Les conduites suicidaires sont fréquentes chez les étudiants et les recherches doivent être poursuivies afin de développer et évaluer des outils de dépistage pouvant être utilisés en routine, par exemple à l’entrée à l’université, pour identifier les étudiants les plus vulnérables.