Thèse soutenue

Synthèse de surfaces bioactives pour le contrôle de la différenciation des cellules souches

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Auteur / Autrice : Émilie Prouvé
Direction : Marie-Christine DurrieuGaëtan Laroche
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Chimie et Technologies pour le vivant
Date : Soutenance le 12/10/2021
Etablissement(s) : Bordeaux en cotutelle avec Université Laval (Québec, Canada)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des sciences chimiques (Talence, Gironde ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Chimie et Biologie des Membranes et des Nanoobjets (Bordeaux ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Gilles Subra
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Christine Durrieu, Gaëtan Laroche, Gilles Subra, Marta Cerruti, Jean Ruel, Magali Cucchiarini
Rapporteurs / Rapporteuses : Gilles Subra, Marta Cerruti

Résumé

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La réparation des défauts osseux de taille importante (fracture, tumeur, nécrose de l’os), pour lesquelles une partie de l’os doit être remplacée, demeure un défi important pour le domaine médical. Des matériaux synthétiques, comme des matériaux céramiques, métalliques, et polymères, sont ainsi développés comme substituts osseux. Mais ces matériaux n’interagissent pas suffisamment avec l’os du patient et finissent par être encapsulés par une couche de tissu fibreux, ce qui peut résulter en une fracture de l’os, de l’implant, ou de l’interface entre les deux. La recherche vise donc à étudier et comprendre les interactions entre les cellules et les matériaux, afin de développerdes matériaux capables d’interagir avec les cellules, et de mettre au point des implants combinant un matériau bioactif, des cellules, et des facteurs bioactifs permettant la reconstruction du tissu osseux.Dans ce contexte, les cellules souches mésenchymateuses (MSCs) ont gagné en popularité en médecine régénératrice compte tenu de leur capacité d’auto-renouvellement, leur multipotence, et leur taux de prolifération élevé. Cependant, une fois extraites du patient et cultivées in vitro, les MSCs ont tendance à se différencier de manière aléatoire, ce qui conduit à une population hétérogène de cellules avec laquelle il est difficile de reconstruire un tissu. Bien que les MSCs soient utilisées en clinique pour le traitement de diverses pathologies, une meilleure compréhension de leur comportement reste nécessaire pour permettre de contrôler leur différenciation vers une lignée spécifique et ainsi améliorer leurs performances en clinique.Les hydrogels ont émergé comme matériaux prometteurs pour la culture cellulaire puisqu’ils permettent de mimer la matrice extracellulaire naturelle des cellules. Notamment, de nombreuses études ont évalué l’impact de la rigidité des hydrogels sur la différenciation des MSCs et ont montré qu’une rigidité proche de celle d’un tissu naturel favorise la différenciation vers les cellules de ce tissu. Cependant, il est maintenant reconnu que les hydrogels et les tissus naturels ne sont pas caractérisés uniquement par leur rigidité, mais aussi par leur viscoélasticité. Or peu d’études ont été menées sur l’impact des propriétés viscoélastiques des hydrogels sur la différenciation des MSCs (15 articles sur les cinq dernières années via PubMed).Dans ce projet, il a été montré qu’il était possible de synthétiser des hydrogels de poly(acrylamide-co-acide acrylique) avec une rigidité et une viscoélasticité contrôlées, mesurées par compression et par AFM. Cinq hydrogels ont été choisis pour étudier l’impact des propriétés mécaniques sur la différenciation ostéogénique des MSCs en variant la rigidité et le pourcentage de relaxation : 5 kPa-15%, 60 kPa-15%, 140 kPa-15%, 100 kPa-30%, et 140 kPa-70%. Il a été montré que la fonctionnalisation de surface de ces hydrogels avec un peptide mimétique de la protéine BMP-2 a mené à une forme cellulaire étoilée après deux semaines de différenciation, sauf pour la rigidité la plus basse (5 kPa). Cette forme cellulaire étoilée correspondrait à une forme d’ostéocyte, qui est le dernier stade de différenciation ostéogénique des MSCs, et qui n’a jamais été obtenu in vitro à notre connaissance. De plus, une rigidité de 60 kPa a mené à une plus forte expression de marqueurs de différenciation ostéocytaires par rapport à des rigidités de 5 et 140 kPa, pour une même relaxation de 15%. Enfin, la plus forte expression de marqueurs de différenciation d’ostéoblastes et d’ostéocytes a été observée pour l’hydrogel présentant 70% de relaxation et une rigidité de 140 kPa. Ceci semble montrer qu’une viscoélasticité élevée favorise la différenciation ostéogénique des MSCs, même si elle est associée à une rigidité qui n’est pas la plus favorable. Ainsi, les propriétés viscoélastiques de la matrice auraient un impact non négligeable sur la différenciation des MSCs et devraient être considérées à l’avenir.