À la lisière du vote. Socio-histoire de l’institution électorale dans le Sénégal colonial (années 1840-1960)
Auteur / Autrice : | Juliette Ruaud |
Direction : | Yves Déloye, Marie Brossier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 29/03/2021 |
Etablissement(s) : | Bordeaux en cotutelle avec Université Laval (Québec, Canada) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Les Afriques dans le monde (Pessac, Gironde ; 2011-....) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Yves Déloye, Marie Brossier, Romain Bertrand, Brigitte Gaïti, Frederick Cooper, Mounia Bennani-Chraïbi |
Rapporteurs / Rapporteuses : Romain Bertrand, Brigitte Gaïti |
Mots clés
Résumé
À partir d’une collecte d’archives et d’entretiens, cette thèse propose de renouveler l’histoire de l’institution électorale au Sénégal durant la période coloniale. Ce travail affirme la double nécessité d’historiciser les phénomènes de circulation internationale et d’extraversion des normes et des dispositifs de vote, et d’élargir l’horizon géographique de la socio-histoire du vote pour tendre vers une histoire plus polycentrée. Revisiter le cas sénégalais, qui incarne le modèle triomphal de la diffusion des pratiques électorales depuis un centre européen, incite à questionner un récit de l’universalisation du vote individuel-majoritaire et secret qui serait d’office celui d’une victoire progressive. En nous détachant des conceptions les plus évidentes du vote et en analysant les catégories produites dans le contexte colonial, nous mettons au jour des pratiques jusque là négligées ou envisagées de manière cloisonnée : élections menées par les militaires lors de la conquête à partir des formes électives vernaculaires, pratiques locales de dévolution du pouvoir, dispositifs de participation et de délibération nés de la pratique administrative, élections dans les chefferies, élections séditieuses, etc. Seule la prise en compte de cette pluralité de pratiques et de procédures permet de comprendre la forme prise par l’institution électorale dans le pays et sa consolidation. Ceci, sans nous limiter à un inventaire, mais en passant de l’étude de l’acte de vote à celle d’un espace de pratiques. Nous défendons ainsi la nécessité d’une approche relationnelle, capable de montrer que l’institutionnalisation du vote s’est d’abord jouée à ses frontières. En nous situant successivement à l’échelle de la société coloniale et au plus proche de ces activités, nous montrons les influences réciproques qui existent entre les pratiques et les formes de concurrences, de différenciations et de requalifications à l’oeuvre. Arpenter l’histoire du vote au Sénégal permet en retour d’interroger plus largement les temporalités et les rythmes de l’histoire de l’institution électorale et partant d’en proposer un récit moins linéaire.