Thèse soutenue

Grottes ornées paléolithiques : espaces naturels, espaces culturels, art et déterminisme. L’apport des modélisations, l’exemple de Lascaux et de Cussac

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Auteur / Autrice : Armance Jouteau
Direction : Jacques JaubertDelphine Lacanette
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Préhistoire
Date : Soutenance le 26/03/2021
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences et Environnements (Talence, Gironde ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : De la Préhistoire à l'Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie (Talence)
Jury : Président / Présidente : Pablo Arias
Examinateurs / Examinatrices : Jacques Jaubert, Delphine Lacanette, Pablo Arias, Sophie Archambault de Beaune, Vincent Gibiat, Éric Robert, Stéphane Jaillet
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Archambault de Beaune, Vincent Gibiat

Résumé

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Les grottes ornées sont des espaces naturels extrêmement stables qui ont nécessairement contraint les Préhistoriques à sélectionner et/ou adapter leurs activités souterraines aux caractéristiques du site élu. Comprendre la perception qu’ils avaient dudit site devient alors un élément clé pour en interpréter l’occupation paléolithique. Les simulations numériques sont apparues comme l’outil idéal pour investir la question de la perception paléolithique des cavités ornées. En effet, non seulement ils permettent de reproduire des phénomènes qui ne se conservent pas, tels le son ou la lumière, mais ils produisent, à partir de données entièrement calibrées, des résultats reproductibles. Il est aussi possible d’utiliser des modèles 3D reconstituant la morphologie considérée comme celle connue par les Paléolithiques, pourtant physiquement perdue depuis. Nous nous sommes intéressés aux modalités de l’investissement du monde souterrain par les Hommes du Paléolithique au travers de deux exemples : les grottes ornées de Cussac et de Lascaux (Dordogne), aux contextes archéologiques complémentaires. À Cussac, nous ne bénéficions que d’une portion du modèle 3D et celui-ci reproduit uniquement la morphologie actuelle, mais la présence d’une équipe pluridisciplinaire (PCR Cussac, dir. J. Jaubert) et l’attention portée à sa préservation ont permis d’obtenir des données sur le contexte archéologique. À l’opposé, la grotte de Lascaux a vu une grande partie de ses sols détruits, rendant impossible la contextualisation de nombre de ses vestiges. Cependant, la grotte bénéficie d’une reconstitution 3D complète, retravaillée pour proposer plusieurs états : actuel, de la découverte (en 1940), et lors des incursions paléolithiques (projet MicroPaGO, dir. D. Lacanette). Afin d’analyser l’appréhension du milieu souterrain par les Préhistoriques, nous avons choisi de mettre en place des outils de simulations numériques d’acoustique et d’éclairage. Encore peu utilisés dans l’analyse du contexte karstique, ces outils ont nécessité une approche fondamentalement innovante et rigoureuse avec l’enregistrement d’un maximum de paramètres physiques pour chacune des grottes étudiées. Des expérimentations ont été réalisées afin de reproduire des exemples d’éclairages préhistoriques et d’en mesurer les spectres et éclairements, tandis que pour connaître les facteurs de réflexion des parois et les coefficient d’absorption acoustique des matériaux en jeu, des mesures sur échantillons, et/ou dans des grottes ont été mises en place. Ces paramètres ont ensuite été intégrés aux logiciels Phanie et Icare, permettant respectivement de simuler des éclairages et des sons dans un modèle 3D. Nous avons ainsi pu, par exemple, éprouver la complémentarité entre les lampes à graisse et les torches selon les situations : à Cussac, l’exploration de vastes espaces a pu davantage bénéficier de la forte puissance et de la mobilité des torches tandis qu’à Lascaux, où les parois sont plus réfléchissantes et les espaces moins étendus, l’utilisation de lampes à graisse semble plus efficace. Il a également été possible de montrer l’intérêt de l’écholocalisation dans ce contexte, ou encore d’analyser les qualités acoustiques de la grotte de Cussac qui semble être un lieu particulièrement adapté à la parole, avec une faible réverbérance mais une excellente intelligibilité. Ces quelques exemples, non exhaustifs, nous ont permis de valider l’intérêt des simulations numériques dans la compréhension de la perception, de l’appréhension et de l’occupation de l’espace souterrain par les sociétés préhistoriques.