De l'absolutisme au fascisme : Hobbes au prisme de la première École de Francfort
Auteur / Autrice : | Anne Jean |
Direction : | Céline Spector |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 15/04/2021 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Sciences, Philosophie, Humanités (Bordeaux) |
Jury : | Président / Présidente : Christophe Bouton |
Examinateurs / Examinatrices : Céline Spector, Luc Foisneau, Emmanuel Renault, Katia Genel | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Luc Foisneau, Emmanuel Renault |
Résumé
L’étude de la réception et des usages de Hobbes chez Horkheimer, Borkenau et Neumann jette une lumière nouvelle sur l’association fréquente entre l’État absolutiste et l’État totalitaire. La philosophie de Hobbes est effectivement très commentée et utilisée en France et en Allemagne dans les années 1930 : elle permet de se demander si le fascisme a sa préhistoire dans la théorie et la période absolutiste ou bien s’il représente une nouvelle forme de domination eu égard à ses différences avec l’absolutisme. Les usages francfortois de Hobbes dans les années 1930 et 1940 s’inscrivent dans cette constellation formée par les différentes réceptions de Hobbes de cette période, notamment celles de Leo Strauss et de Carl Schmitt. Cependant, depuis leur perspective matérialiste, Horkheimer et Neumann offrent des interprétations divergentes de la pensée hobbesienne. D’un côté, Horkheimer, et marginalement Borkenau, perçoivent chez Hobbes à la fois l’esquisse du geste critique propre à la philosophie bourgeoise, et plus tard de l’Aufklärung, et l’apologie de la domination en raison de son anthropologie pessimiste et de sa théorie d’un État doté d’une souveraineté absolue. L’ambivalence interne à sa philosophie n’est jamais dépassée. D’un autre côté, le juriste Neumann construit un « Hobbes libéral », et se sert de ses concepts de « droit naturel » et de « souveraineté » pour instaurer les critères à l’aune desquels il peut critiquer la structure et les pratiques du National-Socialisme. Finalement, pour Horkheimer, il est possible d’établir un lien de continuité entre l’État absolutiste et « l’État autoritaire » car il n’y a pas de rupture nette entre les périodes de l’absolutisme, du libéralisme et du fascisme. Au contraire, selon Neumann, la théorie absolutiste de Hobbes, en articulant la souveraineté avec la défense des droits individuels, se distingue de l’idéologie et des pratiques nazies. Les valeurs libérales de la liberté, du droit, de la démocratie, sont en effet des armes efficaces pour lutter contre le National-Socialisme. En somme, ce travail présente la dimension politique de la Théorie critique à ses débuts à travers les usages que cette dernière propose de Hobbes.