Thèse soutenue

La théorie des jeux pour la modélisation et la simulation de l'émergence et de la dynamique des systèmes de villes

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Mickaël Ferri
Direction : Cyrille Genre-GrandpierreMounir RedjimiTania Jiménez
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 22/01/2021
Etablissement(s) : Avignon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 537 « Culture et patrimoine » (Avignon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Étude des structures, des processus d'adaptation et des changements de l'espace. UMR 7300 (Nice ; 2012-)
Jury : Président / Présidente : Giovanni Fusco
Examinateurs / Examinatrices : Alexandra Schaffar
Rapporteurs / Rapporteuses : Céline Vacchiani-Marcuzzo, Eric Daudé

Résumé

FR  |  
EN

La récurrence d’une structure hiérarchique dans les systèmes de villes à travers le monde, caractérisée par le fait que les villes sont d’autant plus nombreuses qu’elles sont petites, et plus précisément qu’il existe globalement une relation entre la taille des villes et leur rang (la taille de la ville de rang r est égale à la population de la plus grosse ville divisée par r) est un phénomène décrit depuis de nombreuses années. Cette régularité statistique, connue sous le nom de loi rang taille, ses variations locales et la recherche de ses explications ont largement été explorées par les géographes depuis plus d’un siècle. Assurément, les économies d’agglomération, qui favorisent la survenue de l’innovation, les modalités de sa diffusion dans la hiérarchie urbaine, elles-mêmes conditionnées par les réseaux de transport dont dépendent les interactions entre villes, jouent un rôle déterminant pour comprendre l’émergence et le maintien de systèmes de villes hiérarchisés.Pour autant, si une nécessaire théorie sur l’évolution des systèmes de villes, qui regroupent à présent plus de la moitié de la population mondiale, est déjà bien avancée, il n’en demeure pas moins qu’il reste impossible de considérer un système de peuplement au temps t et d’en prévoir en détail l’évolution à un horizon donné, en particulier l’émergence de nouvelles concentrations de population, car les systèmes de villes sont à la fois compliqués et complexes.Les gigantesques progrès de l’informatique ont permis, depuis une quarantaine d’années, de développer des modèles de simulation qui permettent de tester différentes hypothèses quant à l’évolution des systèmes de villes et ainsi mieux comprendre leur dynamique. C’est plus particulièrement le cas de la simulation Multi-Agents, mobilisée notamment par l’équipe P.A.R.I.S, qui a permis de grands progrès dans la compréhension de la dynamique des systèmes de villes en rendant possible le test d’hypothèses théoriques, parfois anciennes, concernant notamment la diffusion de l’innovation et ses impacts sur les systèmes de villes. Pour autant, ces modèles, très riches, présentent l’inconvénient de reposer sur de très nombreux paramètres et hypothèses, ce qui les rend difficiles à calibrer et rend leurs résultats parfois difficiles à interpréter. Par ailleurs, si ces modèles permettent d’analyser l’évolution d’un système de villes donné, l’émergence de nouvelles villes demeure assez peu abordée.Dans ce contexte, l’objectif de cette thèse est de contribuer, par la simulation Multi-Agents, à la recherche d’explications de l’émergence et du maintien de systèmes de villes hiérarchisés. Plutôt que de chercher à complexifier encore les modèles existants pour que leurs résultats correspondent le plus possible aux réalités empiriques, le parti pris de ce travail a été de poser une hypothèse centrale, « simple », sans dimension économique et qui s’oppose en cela aux approches les plus fréquentes, et d’en tester la validité. Cette hypothèse consiste à affirmer que la croissance allométrique des systèmes de villes est avant tout fonction de la façon dont s’effectuent les interactions entre villes à l’échelle individuelle. Plus précisément, il s’agit donc de voir dans un premier temps si, selon qu’un individu habitant une ville A choisi de déménager dans une ville B tirée au hasard, ou dont l’attractivité dépendra de l’historique en termes d’échange, de sa centralité et de son accessibilité, on parvient, ou pas, à générer des systèmes de villes hiérarchisés de type rang taille. Cela revient à vouloir confirmer que, bien avant des considérations économiques (profil économique des villes par exemple), ce sont avant tout les modalités de l’interaction spatiale qui président à l’évolution des systèmes de villes.Dans un deuxième temps, toujours en plaçant l’interaction spatiale entre les individus au cœur de notre travail, nous chercherons à mieux comprendre l’émergence des villes.