Synthèse et étude de 2-hétéroaryl-4-quinolones à activité anti-virulence chez Pseudomonas aeruginosa
Auteur / Autrice : | Marine Duplantier |
Direction : | Pascal Sonnet, Elodie Lohou |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Chimie. Chimie thérapeutique |
Date : | Soutenance le 22/10/2021 |
Etablissement(s) : | Amiens |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences, technologie et santé (Amiens) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Agents infectieux, résistance et chimiothérapie (Amiens) |
Jury : | Président / Présidente : Jean Guillon |
Examinateurs / Examinatrices : Thierry Jouenne, Nicolas Taudon | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jean Guillon, Valérie Collot |
Mots clés
Résumé
Au cours des dernières décennies, le mésusage des antibiotiques, associé à de trop rares découvertes de molécules actives, a engendré l'émergence de résistances notamment chez les bactéries ESKAPEE (Enterococcus faecium, Staphylococcus aureus, Klebsiella pneumoniae, Acinetobacter baumannii, Pseudomonas aeruginosa, Enterobacter spp. et Escherichia coli). Mes travaux de thèse, à l'interface entre la chimie et la biologie, portent sur la synthèse et l'étude de 2 hétéroaryl-4-quinolones comme agents anti-virulence pour lutter contre P. aeruginosa, une bactérie à Gram-négatif, qui constitue une menace particulièrement préoccupante pour la santé publique. En effet, ce pathogène multi-résistant est responsable de nombreuses infections nosocomiales recensées à l'échelle mondiale. Afin de contourner le phénomène d'antibiorésistance, une nouvelle stratégie thérapeutique d'intérêt, basée sur la conception d'agents anti-virulence, a récemment émergé. Elle vise à atténuer la pathogénicité des micro-organismes sans affecter leur croissance. Lors du processus d'infection, les bactéries pathogènes coopèrent entre-elles pour infecter l'hôte via la production de facteurs de virulence (biofilms, exotoxines, …) assurant la colonisation tissulaire. Les pathogènes ont développé des systèmes de communication, désignés sous le terme de ''Quorum Sensing'' (QS) permettant cette collaboration. Chez P. aeruginosa, un des trois circuits du QS nommé ''pqs'', repose sur l'activation du régulateur de transcription PqsR par deux molécules de signal de structure 2-alkyl-4-quinolone : le ''Pseudomonas quinolone signal'' (PQS) et son précurseur 2-heptyl-4(1H)-quinolone (HHQ). Ces deux auto-inducteurs contrôlent notamment l'expression de la pyocyanine, principal facteur de virulence de P. aeruginosa, en réponse aux facteurs environnementaux. Nous avons conçu, synthétisé et étudié une nouvelle famille de 2 hétéroaryl 4 quinolones, à la fois analogues des molécules de signal PQS et HHQ et d'inhibiteurs du QS de structure hybride bi aromatique. Trois séries ont ainsi été définies se différenciant par la nature de la liaison entre les deux noyaux hétérocycliques : i) liaison C-C (série I), ii) espaceur amine (série II) et iii) espaceur pipérazine (série III). Onze hybrides indazole-quinolone ont été obtenus via divers couplages palladocatalysés. Une étude in silico de leurs propriétés physicochimiques a permis de déterminer le profil biopharmaceutique de nos composés et ainsi d'anticiper notamment leur pénétration à travers les membranes qui s'avère plus difficile chez P. aeruginosa. L'évaluation biologique des hybrides bi aromatiques synthétisés du point de vue de leurs activités antibactérienne intrinsèque chez diverses bactéries ESKAPEE, anti-virulence (anti-biofilm et anti-pyocyanine) et anti-QS (étude métabolomique) chez P. aeruginosa, mais aussi de leur cytotoxicité sur des cellules eucaryotes a également été menée. Enfin, une étude de modélisation moléculaire destinée à étayer l'hypothèse d'une fixation de nos hybrides dans la poche d'auto-induction du facteur de transcription PqsR a été réalisée. Ces travaux ont abouti à la découverte d'un pharmacophore bi aromatique d'intérêt pour le développement d'agents anti-virulence