Les femmes fortes de la scène médiévale : martyres entre ciel et terre : étude comparative des héroïnes du théâtre français des XIVe-XVIe siècles
Auteur / Autrice : | Susanna Scavello |
Direction : | Véronique Dominguez, Massimo Fusillo |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation françaises (modernes). Littérature française du Moyen Âge |
Date : | Soutenance le 12/11/2021 |
Etablissement(s) : | Amiens en cotutelle avec Università degli studi (Bologne, Italie) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale en Sciences humaines et sociales (Amiens) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Textes, représentations, archéologie, autorité et mémoire de l'Antiquité à la Renaissance (Amiens ; 2008-....) |
Jury : | Président / Présidente : Marie Bouhaïk-Gironès |
Examinateurs / Examinatrices : Sonia Maura Barillari, Estelle Doudet, Mirella Schino |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Le travail offre une vision d'ensemble des représentations théâtrales du Moyen Âge tardif consacrées à des héroïnes féminines (XIVe-XVIe siècles), en vue d'une étude de synthèse encore manquante sur le sujet. Le domaine culturel et linguistique examiné est français, mais le panorama est élargi aux représentations provençales et toscanes quand on a de traces de représentation en France, même si le texte original est perdu. Les protagonistes de la majeure partie des drames conservés sont des héroïnes de la foi : l'étude se focalise en particulier sur les drames qui mettent en scène des saintes martyres des premiers siècles du christianisme, à savoir sainte Agnès, sainte Barbe, sainte Marguerite d'Antioche (pour ce qui concerne les dramatisations gallo-romanes, qui réunissent l'essentiel des analyses) mais aussi sainte Apolline, sainte Catherine d'Alexandrie et sainte Agathe (pour ce qui concerne les sacre rappresentazioni). En outre, sont analysés d'un côté deux dialogues dramatiques latins de Hrotsvita de Gandersheim (Xe siècle), qui constituent l'exemple le plus ancien d'un drame médiéval consacré à une sainte martyre, dans une perspective comparatiste qui prend aussi en compte la diachronie ; de l'autre côté, sont proposés des excursus sur le culte et l'iconographie ainsi qu'une comparaison avec les légendes hagiographiques des saintes. L'objectif de l'étude est de rendre compte de la profondeur du substrat culturel, anthropologique et littéraire des spectacles de la fin du Moyen Âge aussi bien que de l'originalité des textes dramatiques par rapport à la tradition hagiographique dans laquelle ils puisent. Le commentaire analytique et comparé des textes du corpus révèle non seulement leurs qualités poétiques et leurs potentialités performatives (en les observant en tant qu'objets pleinement théâtraux, comme ils l'étaient à l'époque, sans oublier leur dimension scénique constitutive), mais il présente aussi les constantes thématiques et dramaturgiques qui les relient ainsi que les singularités qui les distinguent. Enfin, la comparaison avec deux exemples de drames européens de la même époque (un mystère français et un Spiel allemand du XVe siècle), qui mettent en scène respectivement une héroïne historique (Jeanne d'Arc) et une figure légendaire (la Papesse Jeanne), placées dans un horizon mondain et non saint, vient enrichir et problématiser la lecture de l'héroïne martyre. Il ressort de l'ensemble les enjeux suivants : la stigmatisation du sujet féminin libre et transgressif, la répression violente de la résistance au pouvoir, la contradiction entre un corps vulnérable et une parole puissante, et le paradoxe d'une âme en extase dans un corps souffrant. Enfin, la thèse se donne pour perspective de montrer que les problèmes posés par les textes au niveau thématique et scénique sont d'un intérêt considérable non seulement pour le lecteur expert, mais aussi pour un spectateur et un metteur en scène potentiels, de sorte que se trouve justifiée la redécouverte de ces représentations médiévales par et sur les scènes d'aujourd'hui