Thèse soutenue

"Le baron tzigane" : un document présioniste de Johann Strauss et Ignaz Schnitzer ?

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Auteur / Autrice : Christine Pototschnig
Direction : Herta-Luise OttMichael Rohrwasser
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue Littérature Civilisation germanique
Date : Soutenance le 01/06/2021
Etablissement(s) : Amiens
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale en Sciences humaines et sociales (Amiens)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études des relations et contacts linguistiques et littéraires (Amiens ; 2008-....)
Jury : Président / Présidente : Bernard Banoun
Rapporteurs / Rapporteuses : Roland Innerhofer

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Mots clés libres

Résumé

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L'objet de la thèse est le texte de l'opérette "Le Baron Tzigane" de Johann Strauss (1825-1899), composée sur le livret de Ignaz Schnitzer, et la comparaison avec les versions hongroise et française. Depuis sa création à Vienne en 1885, cette opérette a été critiquée pour ses incohérences surtout du livret. L'analyse détaillée du texte intégral de la version reconstituée de Harnoncourt/Linke 1995 a permis de dégager une intrigue cohérente qui se déroule à première vue dans un milieu tzigane. On y trouve trois thèmes principaux : le retour du héros sur un territoire hérité dans le Banat hongrois après des années d'exil et d'errance forcées à travers le monde, l'histoire d'amour entre les deux personnages principaux Saffi et Barinkay, et le retour de Barinkay et des Tziganes après la guerre contre un ennemi mal défini dans une patrie autodéterminée. Barinkay porte les traits d'un sauveur et des caractéristiques de la figure littéraire du juif errant et Saffi, qui s'avère être turque et non pas tzigane représente le peuple. Elle lui transmet les souffrances d'un peuple opprimé et leur mariage est une allégorie de l'alliance d'un chef avec son peuple. Des idées présionistes, telles que formulées par le médecin russe Leon Pinsker dans son pamphlet "Autoemancipation" paru en 1882 en allemand, pouvaient être identifiées dans le texte. Les Tziganes d'Europe centrale vivaient à la fin du siècle aux extrêmes marges de la société, mais sans être vraiment menacés. En effet, on ne trouve pas de documents qui prouveraient la volonté de créer une nation tzigane, cependant on peut tourner le regard vers une autre minorité plus clairement menacée à l'époque. Je pense qu'en traitant des souffrances des Tziganes, les auteurs font allusion à l'antisémitisme montant tel qu'il est ressenti par les Juifs d'Europe Centrale dans ces décennies. Je pose donc comme hypothèse que les auteurs ont mis en scène l'utopie de la création d'une patrie pour les Juifs. Le texte français (1895) de Armand Lafrique et Ignaz Schnitzer est à l'instar du livret viennois aussi une œuvre à clé. Le traitement du temps dans les dialogues renvoie à un discours prophétique qui propose un seul pays comme patrie où le retour serait possible. En Hongrie, dans l'ambiance du nationalisme montant la thématique tzigane est identifiable à la thématique nationale hongroise