Thèse soutenue

Raoul Allier (1862-1939), un protestant engagé : une voix du protestantisme au début du XXe siècle

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Daniel Reivax
Direction : Xavier Boniface
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences humaines et sociales. Histoire des civilisations et Histoire Contemporaine
Date : Soutenance le 18/05/2021
Etablissement(s) : Amiens
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale en Sciences humaines et sociales (Amiens)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'histoire des sociétés, des sciences et des conflits (Amiens ; 2008-....)
Jury : Président / Présidente : André Encrevé
Examinateurs / Examinatrices : Xavier Boniface, Patrick Cabanel, Claire Laux
Rapporteurs / Rapporteuses : Patrick Cabanel, Claire Laux

Résumé

FR  |  
EN

Raoul Allier est né en 1862 à Vauvert dans une famille viticole, il fait partie des personnalités protestantes incontournables du début du XXe siècle. Normalien, agrégé de philosophie, docteur en théologie, il est chargé de cours à la Faculté de théologie de Montauban, avant d'être nommé professeur à celle de Paris. Il est découvert par le grand public en prenant fait et cause pour la révision du procès du capitaine Dreyfus. Bien que rentré tardivement dans l'arène des Dreyfusards, il occupe néanmoins rapidement un rôle de premier plan en publiant tout d'abord en 1898 un essai intitulé Voltaire et Calas, une erreur judiciaire pour le XVIIIe siècle et ensuite en 1903 une série d'articles qui vont paraître dans les Cahiers de la Quinzaine dirigé par Charles Péguy ainsi que dans le journal Le Siècle. Il s'engage ensuite à la demande des frères Méjan, contre le projet d'Emile Combes tout en étant en faveur de la loi de la séparation des Églises et de l'État en tant que fidèle héritier entre autres d'Alexandre Vinet et d'Edmond de Pressensé. Là encore, il utilise sa plume avec efficacité. Quelques années plus tard, c'est la Grande Guerre : son fils est porté disparu dès les premiers jours. Loin de se laisser abattre, il prononce une série de conférences dans les différents temples de Paris, chaque mardi, invitant le Tout-Paris à soutenir l'effort de Guerre avec un art de la rhétorique maîtrisé. Au fur et à mesure que la guerre que l'on croyait courte se prolonge l'auditoire ne cesse de grandir. Lorsque le corps de son fils est retrouvé en mai 1916, il interrompt un temps les conférences, s'enferme dans la solitude, serré par l'émotion avant de les reprendre au mois de novembre comme une mission nationale de communion patriotique. Dès lors, les uns et les autres s'encouragent mutuellement à venir, toujours plus nombreux, pour l'écouter faisant de lui le conférencier de la Grande Guerre bien au-delà du microcosme protestant. L'après-guerre marque un tournant dans ses priorités. Il mène une réflexion missiologique voire anthropologique, sur les peuples dits primitifs en publiant plusieurs ouvrages qui interrogent sur les relations complexes entre la colonisation et la mission. Comment en effet promouvoir l'annonce de l'Évangile sans accepter les méfaits de la colonisation ? Parallèlement, il poursuit sa carrière universitaire comme doyen de la Faculté de théologie, prononce des cours au sein de la Faculté des lettres de Paris autour de la morale et la démocratie et confirme sa position en tant qu’historien des idées. Il poursuit également son investissement ecclésial en prenant notamment la présidence du synode de l'Union des Églises Evangéliques Libres et s'investit particulièrement à Argentière où il est considéré comme pasteur sans pour autant avoir de reconnaissance pastorale. Il meurt au début du deuxième conflit mondial, l'histoire se répétait avec sa folie. L'itinéraire de cet homme engagé au point de devenir une voix protestante de premier plan est l'occasion de revisiter l'histoire du protestantisme Français du début du XXe siècle mais aussi de la IIIe République qu'il traverse avec les débats qu'elle renferme