Thèse soutenue

La poïétique de la labilité dans l'œuvre de Pierre Chappuis
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Auteur / Autrice : Lydie Cavelier
Direction : Marie-Françoise Lemonnier-Delpy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature et civilisation françaises (modernes)
Date : Soutenance le 15/01/2021
Etablissement(s) : Amiens
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale en Sciences humaines et sociales (Amiens)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études des relations et contacts linguistiques et littéraires (Amiens ; 2008-....)
Jury : Président / Présidente : Aude Préta-de Beaufort
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Françoise Lemonnier-Delpy, Antonio Rodriguez, Béatrice Bonhomme, Christian Michel
Rapporteurs / Rapporteuses : Antonio Rodriguez

Mots clés

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Résumé

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L'œuvre de Pierre Chappuis fait émerger la labilité comme une notion fondamentale, tant pour caractériser la singularité d'un univers paysager que pour spécifier des tensions dynamiques d'ordre structural, stylistique et poéthique. La labilité redéfinit un style de relation au paysage qui est avant tout une trame d'expansion spatio-temporelle déjouant les dichotomies entre la réalité, l'imaginaire, la mémoire, l'oubli, et entre la présence et l'absence. Relevant de nombreux rapports chiasmatiques entre le poète et le monde, cette trame se décline moins en termes de lieux et de matières qu'en termes d'aura, de manières de subtilisations, de variations, de cinétiques acousmatiques et kinesthésiques. La labilité de ces étendues spatio-temporelles est répercutée par la structuration dynamique des recueils poétiques, agençant des ensembles duaux, sériels aussi bien que de multiples échos. D'un point de vue stylistique, l'instabilité intéresse la déixis et la voix lyrique, dont les affects se diffractent dans les mouvements qui affectent le monde, dans le rapport aux figures tierces et dans le trouble des configurations polyphoniques. L'hétérogénéité est d'ordre énonciatif mais la discontinuation d'allure intéresse aussi le déploiement logico-discursif du texte, le tempo de la phrase, ainsi que le processus figural de l'image. Quant au processus syntaxico-graphique de l'enjambée, il reconfigure les rythmes graphiques, les modes d'articulation entre les unités textuelles, suscitant des similitudes et des variations différentielles entre les régimes textuels du vers, des versets et de la prose. La labilité poéthique tient à des oscillations tout à fait réversibles entre les polarités de l'exil dans l'indifférence et l'insignifiance des choses et celles de l'allégement, de la réjouissance poétique et du ressaisissement dans l'existence. D'un versant à l'autre opèrent les logiques poïétiques de l'instant, de la fadeur et de la saveur, et de la caresse. Le royaume auquel aspire le poète n'est pas un au-delà transcendantal mais, à l'aplomb du vivre et de l'écrire, à la croisée du paysage et de l'art, il favorise le recentrement sur soi tout autant que l'entrée en résonance avec l'autre. Le lyrisme poéthique correspond à un influx labile où chaque lecteur pourrait se revigorer. Il s'agit de définir la labilité comme un principe articulant un ensemble de notions issues de champs disciplinaires contigus mais distincts, et dont l'enjeu est de repenser la poïétique valéryenne. Le travail poétique embrasse à la fois un style de rapport au monde, un style d'écriture et une manière d'envisager le travail du poème sur l'autre