Les traductions en langue française de Gulliver's Travels de Jonathan Swift (1727-2017) : une conquête temporelle entre éternité et fragilité
Auteur / Autrice : | Amélie Derome |
Direction : | Jean Viviès |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études anglophones |
Date : | Soutenance le 25/06/2021 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Langues, Lettres et Arts (Aix-en-Provence) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'études et de recherches du monde anglophone (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône) |
Jury : | Président / Présidente : Marc Porée |
Examinateurs / Examinatrices : Sara R. Greaves | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Hélène Dachez |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette thèse propose une étude diachronique de treize traductions et retraductions en langue française de Gulliver’s Travels de Jonathan Swift de 1727 à 2017. Elle confronte l’analyse textuelle de ces traductions à un examen de la réception de l’œuvre en France. Si les études de réception, de transferts culturels et la traductologie tendent à estimer que les retraductions joueraient le rôle de passeurs de l’original, influant sur sa réception et menant vers une redécouverte du texte source, le cas de la réception des traductions françaises de Gulliver’s Travels indique plutôt que ce phénomène relèverait davantage d’un discours traductif que d’une réalité empirique, s’efforçant de renforcer le statut des traducteurs et des traductologues au sein du champ littéraire. Cette posture traductive ne vise pas seulement une appropriation spatiale, cherchant à annexer l’œuvre au sein de la littérature nationale, mais bien une conquête temporelle. Quoique les traducteurs et retraducteurs de l’œuvre cherchent à s’arroger une part de la gloire et de l’éternité littéraire généralement réservée aux originaux, leurs efforts n’influencent guère la réception du texte de Swift, dont la fortune dépend avant tout des soubresauts de la pensée critique alors en cours, qu’elle soit le fruit d’auteurs, de journalistes ou d’universitaires, comme des bouleversements de l’environnement professionnel de l’édition. L’analyse des traductions et de la réception de Gulliver’s Travels en France révèle ainsi les enjeux de pouvoir qui caractérisent la publication des textes littéraires tout en réinterrogeant le rôle des traductions dans la diffusion d’œuvres estimées classiques.