Naviguer avec la lumière : du comportement aux circuits neuronaux chez la larve de poisson zèbre
Auteur / Autrice : | Sophia Karpenko |
Direction : | Georges Debrégeas |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Frontières du vivant |
Date : | Soutenance le 11/12/2020 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Frontières de l'innovation en recherche et éducation (Paris ; 2006-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Jean Perrin (Paris ; 2009-....) - Laboratoire Jean Perrin |
Jury : | Président / Présidente : Laurent Bourdieu |
Examinateurs / Examinatrices : Georges Debrégeas, Laurent Bourdieu, Philippe Vernier, Elena Dreosti, Antoine Wystrach, Elim Hong | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Vernier, Elena Dreosti |
Résumé
Afin de survivre et de se développer, les organismes motiles utilisent les signaux sensoriels de leur environnement pour naviguer vers les environnements où ils sont les plus susceptibles d'éviter les prédateurs, trouver de la nourriture ou rencontrer des partenaires. Cette navigation exige que la perception sensorielle et l'action motrice soient coordonnées au sein d'une même boucle de rétroaction. Celle-ci est mise en œuvre chez nombre d'organismes - des bactéries aux nématodes, en passant par les insectes, ainsi que chez les vertébrés.Comprendre la relation entre comportement à l'échelle de l'organisme et dynamique des circuits à l'échelle d'un cerveau chez les vertébrés est un défi central dans les neurosciences, auquel ce travail vise à contribuer. La larve de poisson-zèbre, ayant une accessibilité unique pour l'imagerie fonctionnelle à l'échelle du cerveau entier ainsi qu'une large palette de comportements innés, est un organisme idéal pour aborder ce sujet. Je m'intéresse plus particulièrement à la navigation biaiée par la lumière -aussi appelée phototaxie - chez la larve de poisson-zèbre : j'étudie comment une telle tâche sensorimotrice est mise en œuvre sur le plan comportemental, et quelle est la dynamique du réseau neuronal sous-jacent.La première section (i) de cette thèse vise à caractériser la façon dont les séquences de stimulation motrice et visuelle régissent la sélection d'événements de nage discrets qui font la navigation du poisson, en présence d'une source lumineuse distante. En utilisant une expérience de réalité virtuelle, deux stratégies différentes de phototaxie sont étudiées : l'une basée sur le contraste spatial perçu, l'autre sur le changement d'intensité lumineuse totale perçu lors d'un événement de nage. Les séquences de nage sont décrites à l'aide d'un modèle de chaînes de Markov qui prédit quantitativement la distribution stationnaire de l'orientation du poisson sous un profil d'illumination donné.Une deuxième partie (ii) se concentre sur la transposition de l'expérience de phototaxie développée dans la section (i) d'un animal en nage libre à un animal partiellement immobilisé. Le suivi des mouvements de la queue permet de calculer une orientation virtuelle, utilisée pour mettre à jour l'environnement visuel. Cette approche permet d'émuler une navigation virtuelle en présence d'une source de lumière distante.La dernière partie du projet (iii) se concentre sur le circuit neuronal qui sous-tend ce comportement. Spécifiquement un circuit nommé ARTR, connu pour être impliqué dans la sélection de l'orientation à chaque mouvement de nage. La technique développée dans la section (ii) est utilisée en combinaison avec un microscope à feuille de lumière 2 photons, permettant d'interroger expérimentalement les circuits d'intérêt, en utilisant des stimuli visuels simples, soit délivrés lors d'un mouvement de la queue, soit de manière aléatoire. Cela permet de démêler les contributions du stimulus visuel et de l'efférence motrice.Dans son ensemble, cette contribution pourrait permettre de mieux comprendre comment un stimulus peut biaiser la dynamique neurale interne d'un animal qui navigue, afin de déclencher une réponse appropriée à changement de l'environnement abrupt.