Thèse soutenue

Unité et ordre chez Proclus : un nouveau mode d’écriture de la théologie

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Auteur / Autrice : Miriam Cutino
Direction : Philippe HoffmannFranco Ferrari
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie, textes et savoirs
Date : Soutenance le 16/12/2020
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres en cotutelle avec Fondazione Collegio San Carlo (Modène (Italie))
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)
Laboratoire : LEM Laboratoire d’études sur les Monothéismes (Paris ; 1998-....)
Jury : Président / Présidente : Daniela Patrizia Taormina
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Hoffmann, Franco Ferrari, Daniela Patrizia Taormina, Michele Abbate
Rapporteurs / Rapporteuses : Daniela Patrizia Taormina, Michele Abbate

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Ce travail propose une étude monographique de la pensée de Proclus (Ve s. ap. J.-C.) divisée en trois aspects fondamentaux qui caractérisent sa production philosophique et qui sont considérés dans leur perspective globale : le mode d’écriture, la conception de l’ordre et la hiérarchie de l’unité. La première partie consiste en une analyse ponctuelle des différents genres d’écriture de Proclus, notamment les commentaires, les traités théologiques et les prières. Tout d’abord, nous étudions les prologues des commentaires et nous traçons les différents styles d’écriture adoptés par Proclus, soulignant l’importance assignée à la rhétorique conformément à l’affirmation de la validité universelle de son interprétation ; ensuite, nous analysons les procédés démonstratifs des traités théologiques, en proposant une étude comparative des différentes procédures argumentatives orientées vers l’affirmation de la théologie en tant que science ; enfin, nous analysons les prières de Proclus et nous les disposons en un ordre de priorité et postériorité, dans la hiérarchie de l’approchement du divin, selon leur positionnement dans chaque œuvre, selon les dieux auxquels elles sont adressées, et selon les techniques rhétoriques d’invocation. La deuxième partie de notre travail est consacrée à une étude historico-lexicographique des termes qui signalent les niveaux d’ordre proposés à chaque fois de manière différente dans les œuvres de Proclus. Nous avons sélectionné les mots plus fréquents qui contribuent à donner une perspective différente sur la hiérarchie des êtres à partir de l’accentuation d’un aspect particulier : σειρά/ σειραί indiquent la «chaine»/les «chaines» des êtres ; τάξις signifie «hiérarchie ordonnée» nécessaire, naturelle et totale des êtres, mais aussi «rang» occupé par un être particulier par rapport à son universel ou occupé par un universel par rapport à l’Un ; διάκοσμος indique une idée de «monde» ayant son propre «mode d’être» (ὕπαρξις) spécifique ; διακόσμησις signifie l’action ordonnatrice intermédiaire entre les mondes divins et le monde sensible. Cette dernière enquête lexicale vise à affirmer l’étroite correspondance établie par Proclus entre le terme διάκοσμος et la valeur revêtue par l’ἀριθμός dans les théologies arithmétiques de Nicomaque de Gérase, Jamblique et Syrianus. À partir de cette constatation nous démontrons, dans la troisième partie, que le statut assigné aux hénades dans la théologie scientifique de Proclus est dans une seule signification supérieur à l’ἀριθμός. En tant que διάκοσμος κρύφιος et première manifestation des hénades-entités, le monde intelligible est «au-delà» du «nombre» représenté, en tant qu’entité pure, par le monde intelligible-intellectif. La troisième partie de cette étude vise donc à analyser les différents degrés d’unité dans la hiérarchie des êtres. En particulier, nous examinons les couples ἑνιαῖος/ἡνωμένος, ἑνοειδής/μονοειδής et ἑνικός, qui indiquent diverses formes d’approximation à l’Un. Nous distinguons alors les significations du terme «hénade» pouvant éclairer les ambiguïtés du système de Proclus : les hénades-principes suressentiels des dieux qui coïncident avec la limite et l’illimité ; les hénades-entités intelligibles qui sont uni-multiples et correspondent aux propriétés des êtres ; les hénades-unités immanentes à chaque «rang» qui indiquent le niveau d’être plus unitaire. En analysant les aspects principaux qui constituent la production philosophique proclienne, cette étude monographique permet ainsi de démontrer que les contradictions apparentes, rencontrées dans une œuvre aussi ample et complexe que celle de Proclus, doivent en effet être reconsidérées en fonction d’une vision globale d’un système théologique, dont la triade des composantes écriture-ordre-unité correspond à un unique projet de rationalisation et formalisation d’un discours, autrement impossible, qui vise à retrouver dans chaque aspect du réel son Premier Principe ineffable.