Thèse soutenue

La voix sans phénomène : la théorie acousmatique à l'epreuve du cinéma

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Auteur / Autrice : Ekaterina Odé
Direction : Antoine de BaecqueJocelyn Benoist
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie et études cinématographiques (SACRe)
Date : Soutenance le 17/12/2020
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Équipe d'accueil SACRe - Sciences, arts, création, recherche (Paris)
établissement de préparation de la thèse : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)
Jury : Président / Présidente : Antonio Somaini
Examinateurs / Examinatrices : Antoine de Baecque, Jocelyn Benoist, Antonio Somaini, Martin Barnier, Jean-Charles Fitoussi, Clélia Zernik
Rapporteur / Rapporteuse : Martin Barnier

Résumé

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Cette thèse en recherche-création SACRe est consacrée à une réélaboration, au XXe siècle, de l’ancienne notion de l’acousmatique provenant de la philosophie antique, au sein du mouvement artistique interdisciplinaire, théorique et pratique, que nous avons appelé la Théorie acousmatique. Influencé par la phénoménologie et psychanalyse, ce mouvement théorique se penche sur les nouvelles définitions de l’art à l’époque des médias audio-visuels. Pierre Schaeffer et Michel Chion sont tous les deux connus comme compositeurs et théoriciens de la musique concrète, mais nous montrons que cette dernière n’est, cependant, qu’une partie visible d’un iceberg immense : la recherche autour des arts médiatiques – du cinéma et de la radio – auxquels Schaeffer a donné le nom des Arts-relais. En restituant le fondement théorique chez Schaeffer du concept de l’acousmatique, nous cherchons à montrer qu’il est le fruit de cette grande réflexion que Schaeffer développait autour du cinéma et de la radio dans les années 1941-1960 et qu’il reprend, encore, dans les années 1970. Schaeffer n’arrive, ainsi, à la catégorie de l’acousmatique qu’en passant par les notions d’Arts-relais et de phénomène radiophonique. Cette réflexion constitue le fondement de la théorie acousmatique que Schaeffer décrit en tant que théorie esthétique permettant de penser de nouveaux objets constitués, notamment, par l’enregistrement, le montage et les moyens de la diffusion. En ce sens, la théorie acousmatique se définit autour des enjeux de la perception de l’audio-visuel et des médias. Inconnu jusqu’alors en tant que théoricien du cinéma, Pierre Schaeffer passe le relais à son disciple, Michel Chion, qui a définitivement conceptualisé la notion de la voix acousmatique au cinéma dans les années 1980. Comme Schaeffer, Chion, a, ensuite, situé ses projets théoriques dans l’esthétique des formes et a davantage approfondi la problématique de la perception audio-visuelle. La proposition de Chion d’approcher le son au cinéma à travers une relation formelle entre son et image – vue depuis le Manifeste d’Eisenstein, Poudovkine et Alexandrov, comme une fonction koulechovienne de création de nouveau sens ou de l’effet à partir de l’assemblage de ces éléments – trouve dans notre recherche une élaboration à travers l’esthétique du formalisme russe, comprise à titre de paradigme. Cette esthétique formaliste (où nous situons les cinéastes et artistes soviétiques au même titre que les linguistes et théoriciens de l’art littéraire) définit l’art à partir de ses procédés (Chklovski). Dans le cadre d’une interrogation visant à déterminer ce que ce procédé de la voix acousmatique apporte au cinéma en tant qu’art, nous tentons d’approcher la voix acousmatique au cinéma dans le contexte contemporain, à la théorie acousmatique : au croisement de la philosophie de la perception (Merleau-Ponty), du langage (Derrida, Jakobson) et des pratiques artistiques (Duras, Tarkovski, mais aussi Wenders, Iñárritu, Anderson, etc.).