Thèse soutenue

Comment déterminer ensemble ce à quoi nous tenons ? Deux processus comptables de rationalisation entre producteurs et consommateurs au sein de controverses écologiques.
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Auteur / Autrice : Clarence Bluntz
Direction : Frédérique Déjean
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de Gestion
Date : Soutenance le 08/10/2020
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale SDOSE (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Dauphine Recherches en management (Paris) - Dauphine Recherches en Management / DRM
établissement opérateur d'inscription : Université Paris Dauphine-PSL (1968-....)
Jury : Président / Présidente : Sébastien Damart
Examinateurs / Examinatrices : Frédérique Déjean, Sébastien Damart, Nicolas Praquin, Nicolas Antheaume, Alexandre Pierre Rambaud, Dominique Roux, Chrystelle Richard
Rapporteurs / Rapporteuses : Nicolas Praquin, Nicolas Antheaume

Résumé

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L’acte d’achat valide le modèle d’affaires et constitue la performance du producteur, tout comme il construit l’identité du consommateur. Nous produisons ainsi une rationalité de l’exploitation de la nature et de l’humain en déterminant les activités économiques qui nous sont acceptables. Je m’attache à montrer que les systèmes comptables sont constitutifs de cette rationalité, parce qu’ils font concorder les jugements de l’entreprise et de ses clients : en mettant en lien les couts et les prix, ils créent une adéquation entre la valeur pour le producteur et l’utilité pour le consommateur. J’étudie la fonction des innovations comptables dans le déroulement de controverses écologiques – des moments sociaux durant lesquels la rationalité de nos actes est remise en question. Les relations entre producteurs et consommateurs peuvent alors être défaites et reconstituées par les pratiques comptables ; la comptabilité devient une machine à poser des questions et à susciter des réponses (Mouritsen & Kreiner, 2016 ; Quattrone, 2015). Je m’appuie sur le cadre théorique du Mythe Rationnel (Hatchuel, 1998) pour interpréter ces moments de l’action collective où la rationalité se reconstruit selon les apprentissages croisés des producteurs et des consommateurs. Au travers d’une analyse inductive et interprétative, basée sur une quantité importante de données secondaires, une netnographie et des entretiens, je présente deux études de cas empiriques : la plateforme de normalisation de l’Affichage Environnemental (2008-2017) et la coopérative « C’est qui le Patron ?! » (2017-2019). Je propose une généalogie et une critique du processus de rationalisation dans les controverses. Je mets en évidence la dialectique comptable qui rend ce processus possible : la comptabilité permet tour à tour le rapprochement et l’éloignement, l’opacité et la transparence, l’accélération et la décélération. Ma recherche vient s’ajouter à la littérature pour montrer comment l’incomplétude des innovations comptables facilite leur adoption : c’est elle qui permet simultanément de poser des questions et de prendre des décisions. Dans sa relation au producteur, le consommateur n’est ni responsable, ni aliéné : il est multiple et paradoxal, et c’est ce qui rend l’action collective possible. Les innovations en comptabilité sociale et environnementale qui entendent améliorer l’état du monde doivent le prendre en compte.