Thèse soutenue

Explorer ce qui fait bien-être dans son cadre de vie : une recherche ancrée dans le vécu des habitants de quartiers défavorisés en France.

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Auteur / Autrice : Anne-Laure Legendre
Direction : Yorghos Remvikos
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Architecture, Aménagement
Date : Soutenance le 16/10/2020
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales et humanités (Versailles ; 2020-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cultures, environnements, Arctique, représentations, climat (Guyancourt, Yvelines ; 2010-....)
Référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....)
Jury : Président / Présidente : Maryse Bresson
Examinateurs / Examinatrices : Yorghos Remvikos, Guillaume Faburel, Jean Simos, Renaud Epstein
Rapporteur / Rapporteuse : Guillaume Faburel, Jean Simos

Résumé

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La diversité des territoires et des cultures reflète de multiples modes de vie, mais que ce soit par choix ou par contrainte, une part considérable de la population mondiale vit désormais dans des milieux urbanisés. Ces territoires concentrent de nombreux facteurs d’attractivité, mais aussi des problématiques environnementales, sanitaires et sociales complexes, et surtout des situations d’inégalités d’accès à un cadre de vie de qualité. Alors, qu’est-ce qui pourrait faire le bien-être des habitants dans leur cadre de vie ? Il ne peut exister aucun indicateur unique et absolu de cette notion ambiguë de bien-être, mais la question de la manière dont on l’évalue reste entière. L’urbanisme, la santé publique, la sociologie, ou encore la philosophie nous proposent de multiples conceptions pour aborder le sujet. Toutefois, peut-on de considérer l’étude du bien-être de manière extérieure, sans les personnes concernées ? Pour des raisons épistémologiques, mais aussi éthiques, nous avons pris le parti d’étudier le bien-être dans son cadre de vie en partant du point de vue des habitants. Nous avons aussi fait le choix de porter notre attention sur les quartiers prioritaires de la politique de la ville, en raison des inégalités sociales et territoriales en présence. La thèse s’articule autour de différentes recherches-actions participatives menées avec des municipalités en région parisienne et à La Rochelle dans le cadre d’actions publiques portant sur le cadre de vie (gestion urbaine, aménagement urbain, rénovation urbaine). Notre travail s’appuie plus particulièrement sur l’évaluation des impacts sur la santé (EIS) de deux projets urbains à Nanterre et La Rochelle, des démarches que nous avons portées de manière ouverte, en impliquant les agents et acteurs locaux dans le sens d’une recherche d’apprentissage collectif des liens entre santé, bien-être et urbanisme. L’originalité du travail tient également aux croisements réalisés entre les savoirs de l’expertise et ceux de l’expérience collectés à travers des enquêtes de type ethnographique menées auprès d’habitants de quartiers défavorisés. Les récits permettent de porter notre attention sur la relation des habitants à leur cadre de vie, et à ce qui compte pour eux. Ils permettent aussi de comprendre le vécu total des personnes, et de sortir de logiques analytiques morcelées entre différents paramètres prédéterminés. Inspirés de la sociologie relationnelle, la recherche de régularités et de points de tensions entre ces différents récits personnels permet de dépasser le niveau de doléances propre à certaines démarches de concertations et de mieux cerner les enjeux du territoire, y compris dans l’évaluation des projets. Enfin, nous avons développé un cadre heuristique ouvert permettant d’approcher les expressions d’attachement au lieu de vie, considéré comme un proxy du bien-être. Les catégories émergentes (familiarité, intégration, aisance et sécurité, maîtrise de sa situation, injustice, épanouissement) forment système, et s’écartent complètement des approches fonctionnalistes et utilitaristes encore bien présentes dans les champs de l’urbanisme, de la santé publique ou de l’écologie urbaine. L’étude des conditions de possibilité de cet attachement au lieu de vie et du développement du pouvoir d’agir des habitants dans leur quartier offre des perspectives très riches pour penser les territoires de vie et les politiques urbaines. Enfin, les sentiments d’injustice omniprésents dans nos enquêtes mettent en exergue l’importance de passer par l’expérience des personnes, seule dimension où l’on peut capter ce qui est réellement vécu comme injuste, et de dépasser ainsi les écueils d’une lecture statistique, à plat, des inégalités sociales et territoriales.