Mécanismes et cinétiques de perméation de l’hydrogène dans les alliages de zirconium oxydés
Auteur / Autrice : | Clara Juillet |
Direction : | Marc Tupin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science des Matériaux |
Date : | Soutenance le 26/11/2020 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences mécaniques et énergétiques, matériaux et géosciences (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Service d'étude des matériaux irradiés (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2021-....) |
Référent : Faculté des sciences d'Orsay | |
Jury : | Président / Présidente : Eric Andrieu |
Examinateurs / Examinatrices : Xavier Feaugas, Loïc Favergeon, Dominique Mangelinck, Laurence Latu-Romain, Caroline Toffolon-Masclet, Frantz Martin | |
Rapporteur / Rapporteuse : Xavier Feaugas, Loïc Favergeon |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Au cœur des réacteurs à eau pressurisée, les pastilles de combustible sont isolées du circuit primaire par des gaines en alliages de zirconium. En conditions nominales de fonctionnement, l’interaction entre ces gaines et le milieu primaire entraîne la formation d’un oxyde et l’absorption d’hydrogène par l’alliage. La désorption de l’hydrogène lors du transport de combustible usé et le relâchement du tritium issu de la réaction de fission au sein des pastilles de combustible en réacteur sont des problématiques importantes pour la sûreté. Il est impératif d’estimer la quantité de tritium susceptible d’être relâchée des assemblages dans le milieu primaire ainsi que les quantités d’hydrogène désorbé sous vide ou gaz neutre pendant le transport. Au-delà de cet aspect quantitatif, comprendre le mécanisme de perméation de l’hydrogène et de ses isotopes dans les gaines en alliage de zirconium est nécessaire si l’on veut maîtriser les rejets et émissions de ces produits et in fine la sûreté. Le processus de perméation du tritium à travers une gaine oxydée peut se décomposer en 9 étapes : 1. Adsorption de tritium à la surface de l’oxyde formé sur la face interne ;2. Passage des sites de surface aux sites de subsurface en tant qu’espèce absorbée ;3. Diffusion de tritium dans l’oxyde jusqu’à l’interface oxyde/métal ;4. Intégration de tritium dans le métal ;5. Diffusion de tritium dans le métal ;6. Intégration de tritium dans l’oxyde ;7. Diffusion de tritium dans l’oxyde jusqu’à la subsurface ;8. Passage des sites de subsurface aux sites de surface en tant qu’espèce adsorbée ;9. Recombinaison et désorption.Les objectifs de l’étude sont de déterminer l’étape cinétiquement limitante du processus de perméation de l’hydrogène dans les alliages Zircaloy-4 et M5Framatome, de quantifier les constantes cinétiques associées et de développer un modèle numérique pouvant prédire les flux de désorption de l’hydrogène. De par la complexité du processus de perméation du tritium à travers une gaine de combustible oxydé, un système simplifié sans couche d’oxyde a initialement été étudié. Le processus de désorption de l’hydrogène a été investigué par thermodésorption en rampe de température ainsi qu’en isotherme, et modélisé par éléments finis avec le code Cast3M. Les constantes cinétiques ont été évaluées et optimisées en couplant le modèle Cast3M et l’outil d’optimisation de la plateforme URANIE. Le flux de désorption s’est avéré être proportionnel au carré de la concentration en hydrogène avec une constante de désorption dont l’énergie d’activation est égale à 290 ± 10 kJ/mol. Pour le M5Framatome, les conclusions et résultats sont quasi-identiques au cas précédent, à ceci près que la désorption de l’hydrogène piégé par les précipités riches en niobium lors de la fabrication semble être assujettie à leur dissolution. Le développement d’un banc de perméation de deutérium gazeux fonctionnant entre 623 et 773 K a permis de mettre en évidence que la cinétique du processus de perméation est également limitée par l’étape de recombinaison de surface pour le Zircaloy-4. Ces essais de perméation ont révélé le rôle important de l’état de surface, puisque l’application par le dispositif d’une contrainte et d’une déformation induit une augmentation du flux de désorption. Des essais d’oxydation ont ensuite été effectués sous diverses atmosphères. Lors d’essai de désorption en rampe de température, la dissolution de l’oxyde dans le métal semble piloter la cinétique de désorption de l’hydrogène. Le développement de modèles numériques et analytiques a permis de démontrer dans le cas d’une dissolution négligeable de la zircone, une cinétique de désorption contrôlée par un régime mixte de diffusion de l’hydrogène dans l’oxyde et de recombinaison surfacique et de quantifier la constante de désorption et le coefficient de diffusion dans la zircone.A partir des résultats de la thèse, une estimation de la quantité de tritium relâché sous vide a pu être établie.