Un antiracisme à distance des racistes : ethnographies de quatre associations de lutte contre le racisme
Auteur / Autrice : | Jawad Bouadjadja |
Direction : | Anastassia Tsoukala, Francis Affergan |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie, démographie |
Date : | Soutenance le 16/12/2020 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche en Philosophie, Sociologie et Politique (Paris ; 2019-....) |
Jury : | Président / Présidente : Erwan Dianteill |
Examinateurs / Examinatrices : Anastassia Tsoukala, Francis Affergan, Erwan Dianteill, Michel Wieviorka, Sandrine Nicourd, Wiktor Stoczkowski | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Wieviorka, Sandrine Nicourd |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse s'appuie sur une enquête ethnographique conduite entre 2014 et 2017 auprès des militants de quatre associations antiracistes françaises : le Conseil représentatif des associations noires de France, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, le Parti des Indigènes de la République et SOS Racisme. En mobilisant l'anthropologie de l'espace, la sociologie des mouvements sociaux et la sociologie des publics, la thèse se veut explorer une dimension originale de l'antiracisme militant français : la distance qui sépare les militant antiracistes des personnes qu'ils jugent racistes. Autrement dit, plutôt que d'envisager l'antiracisme militant sous l'unique angle de la lutte contre les racistes, cette thèse parcourt une lutte sans les racistes. Ce travail s'interroge donc sur cette part de l'antiracisme militant qui revient à éviter tout contact avec les racistes. À travers un examen des locaux associatifs et des terrains militants, des relations entretenues avec des adversaires racistes et des publics non-racistes, cette recherche tâche de décrire et de comprendre l'absence d'une coprésence et d'un dialogue dans les rapports de l'antiracisme militant aux personnes qu'il juge racistes. Elle se veut, aussi, interroger un paradoxe apparent : comment les antiracistes comptent-ils contribuer à la fin du racisme alors qu'ils se tiennent et se maintiennent à distance des racistes ? Pour répondre à cette question, cette thèse dévoile la manière dont cette distance peut être envisagée par les antiracistes comme un vecteur pour s'imposer face aux racistes. En tentant de convaincre un public tiers non-raciste de se joindre à la lutte antiraciste contre le racisme, l'antiracisme militant espère pouvoir construire une majorité et se constituer en puissance contraignante censée réduire les racistes au silence.