Thèse soutenue

Rythme, corps et symbolisation : le rôle de la médiation thérapeutique musicale dans la prise en charge des personnes psychotiques à l’hôpital

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Auteur / Autrice : Sandrine Sebban
Direction : Sylvie Le Poulichet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie. Psychopathologie et psychanalyse
Date : Soutenance le 14/12/2020
Etablissement(s) : Université de Paris (2019-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie (Paris ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches Psychanalyse, Médecine et Société (Paris ; 2001-....)
Jury : Président / Présidente : Chantal Lheureux Davidse
Examinateurs / Examinatrices : Chantal Lheureux Davidse, Anne Brun, Frédéric Vinot
Rapporteur / Rapporteuse : Anne Brun, Frédéric Vinot

Résumé

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Ce travail propose d’interroger la prise en charge des personnes psychotiques suivant une double perspective, celle du rôle tenu par la mise en œuvre d’un dispositif à médiation thérapeutique musicale, et celle de la fonction jouée par un contexte hospitalier en psychiatrie adulte sous-tendu par une praxis et un fond théorique convoquant la référence de la psychothérapie institutionnelle, et venant faire résonance avec notre clinique musicale.La prégnance du vécu de catastrophe dans ce type de pathologie soumet les patients à des modalités d’expression essentiellement sensori-motrices et corporelles que les aspects rythmiques, relatifs au registre de l’archaïque, ont mis en exergue dans les rencontres médiatisées par la musique. Ces dernières faisaient montre d’expériences restées « en souffrance » et nous ont laissé supposer que le fait de re-jouer, de co-composer en présence d’un autre particulièrement sollicité et se laissant utiliser, était potentialisé par les variations et autres modulations auxquelles nous invite cette discipline artistique. La médiation musicale ou vocale venait par conséquent s’offrir comme un « pré-texte » conduisant les patients à s’ouvrir vers la relance d’un processus de symbolisation et à installer un cadre spatio-temporel de verbalisation de leur propre initiative, tandis qu’ils présentent généralement de grandes difficultés à cet égard.Conjointement, l’existence d’un cadre hospitalier influencé par la psychothérapie institutionnelle avait constitué un portage et un enveloppement indispensables en prenant appui sur une « matrice musicale ». Compte tenu du mode de fonctionnement psychique de la schizophrénie de l’ordre d’une dissociation, des « outils conceptuels » musicaux issus de ce courant permettent de concevoir un Collectif polyphonique assurant le soutien des patients de concert avec celui des équipes soignantes. Les notions fondamentales de polyphonie, d’ambiance, de présence, d’accueil, d’improvisation ou de rythme dénotent une « musicalisation » de la clinique venant apporter un éclairage sur la création des ateliers et la mise en place de situations individuelles s’étayant sur la pratique de la musique. Toutefois, si nous nous attachons à la question de la matérialité du son, il importe également de prendre en considération ce qui ne s’entend pas, en relation avec la voix silencieuse et la pulsion invocante.Puis, face à des phénomènes de répétition de l’ordre du mortifère qui entravent l’organisation des coordonnées spatio-temporelles d’un sujet, il s’agirait en retour d’agencer musicalement et rythmiquement l’institution et le soin, grâce aux notions que nous donnent à penser le rythme comme de l’ordre d’un « entre-deux », relativement à des intervalles, une périodicité, une structure et principalement le mouvement. Le travail psychothérapique appellerait à injecter ou ré-injecter un « certain niveau de rythme » propre à chaque personne psychotique, le plus souvent confronté à une a-rythmie ou une dysrythmie, pour lui donner l’occasion de s’émouvoir et de se mouvoir.